Les coups de cœur #421

26 décembre 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #421

Andréa Martins et Hugo Blachier, nos coups de cœur #421, placent l’humain au cœur de leur travail. L’une a capturé la révolte des soirées clandestines en plein confinement, et l’autre étudie les codes de la masculinité sur les plages marseillaises.

Andréa Sena

C’est à 21 ans, lors d’un voyage au Maroc, qu’Andréa Martins découvre le 8e art. Charmée par le potentiel de l’image comme par l’opportunité de pouvoir, à travers elle, embrasser une culture étrangère, elle se perfectionne, à son retour, dans le photojournalisme. « Je recherche avant tout une sensation de dépaysement, ce qui m’amène à rencontrer des communautés avides d’émancipation », précise-t-elle. Et c’est de ce goût pour l’atypique qu’est née Night Seasons. Une série dans l’intimité des fêtes illégales en plein Covid, là où les désirs dominent, et l’envie de liberté reprend le dessus, impérieuse, indomptable. « J’ai toujours aimé la nuit. Pendant le confinement, j’étais sujette à l’insomnie. Marcher des heures le soir me manquait terriblement… Ma première soirée clandestine est partie d’une envie personnelle de sortir et de déjouer les règles imposées de la deuxième quarantaine, annoncée en octobre 2020 », se souvient l’artiste. En parallèle, alors que le gouvernement sévit, les événements grandissent. De simples réunions en appartements parisiens, ils se transforment en rendez-vous notoires au fin fond des campagnes. Une « forme de révolte » qu’Andréa Martins capture dans un noir et blanc sulfureux. Corps dénudés, prises de drogues, plaisirs sensuels… À coups de flash, elle encapsule l’atmosphère de ces rendez-vous d’insurgé·es. « On voulait se sentir libres de nos corps et repousser nos limites d’une manière politiquement correcte, lorsque légalement plus aucune musique ne tournait. Ce reportage a duré deux ans – le temps des restrictions. Je voulais rendre cette série aussi éphémère que la période qu’on traversait », conclut-elle.

© Andréa Martins© Andréa Martins
© Andréa Martins© Andréa Martins
© Andréa Martins© Andréa Martins

© Andréa Martins

Hugo Blachier

« La photographie a toujours été un moyen pour moi de travailler mon rapport à l’identité. Lorsque je shoote, je traite de sujets ou de lieux qui me sont propres et prennent une part importante dans ma construction personnelle »

, déclare Hugo Blachier, 25 ans. Installé à Marseille, l’auteur a découvert le 8e art à l’adolescence grâce à son père. Aujourd’hui diplômé de l’université Goldsmiths de Londres en photographie et anthropologie, il continue à développer des projets qui lui tiennent à cœur. « Waves of Masculinities a été réalisée l’été dernier. À travers cette série, je souhaite mettre en lumière les moyens par lesquels les jeunes hommes marseillais s’approprient le bord de mer dans la performance de leur virilité », explique-t-il. À la croisée du portrait et de la photographie de voyage, Hugo Blachier fige les corps, les habitudes, les mouvements de ses modèles. Une véritable étude des « caractéristiques de ce qui aujourd’hui régit l’idéal masculin dans les cultures méditerranéennes », précise-t-il. Sport, torses dénudés, amourettes paradées sous les regards de tous et toutes… Sous la lumière chaleureuse du soleil du sud, les côtes comme les hommes attirent le regard, forcent la narration. Un récit impactant, guidant le·a regardeur·se vers une réinterprétation d’un événement a priori ordinaire, pour apprendre à en décoder les nuances.

© Hugo Blachier© Hugo Blachier
© Hugo Blachier© Hugo Blachier
© Hugo Blachier© Hugo Blachier

© Hugo Blachier

Image d’ouverture : © Andréa Martins

Explorez
Kincső Bede : Déshéritée
© Kincső Bede
Kincső Bede : Déshéritée
Dans son livre Porcelain and Wool, Kincső Bede se réapproprie son identité transverse par des objets, des lieux et des tissus de la...
04 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
© Lena Kunz
Mouche Books édite son premier livre photo-poésie Selfportraits
La revue Mouche, qui fait dialoguer le 8e art avec la poésie depuis quatre ans, lance sa maison d’édition Mouche Books avec comme premier...
27 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Corps, catch et injonctions : la séance de rattrapage Focus
©Théo Saffroy / Courtesy of Point Éphémère
Corps, catch et injonctions : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici révèlent les corps et dénoncent les injonctions que nous leur collons. Ils et...
26 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Dans l’œil de Naïma Lecomte : rendez-vous au bord de l’eau après les cours
© Naïma Lecomte / Planches Contact Festival
Dans l’œil de Naïma Lecomte : rendez-vous au bord de l’eau après les cours
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Naïma Lecomte. Jusqu’au 4 janvier 2026, l’artiste présente Ce qui borde à Planches...
24 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Pour Noël, Tendance Floue organise une vente de tirages à moins de 70 euros
© Céline Croze / Tendance Floue
Pour Noël, Tendance Floue organise une vente de tirages à moins de 70 euros
Jusqu’au 10 décembre 2025, les membres de Tendance Floue vous proposent d’acquérir certaines de leurs œuvres grâce à une vente...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Kincső Bede : Déshéritée
© Kincső Bede
Kincső Bede : Déshéritée
Dans son livre Porcelain and Wool, Kincső Bede se réapproprie son identité transverse par des objets, des lieux et des tissus de la...
04 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
© Carla Rossi
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
Dans son ouvrage Bellissima, publié par Art Paper Editions, Carla Rossi explore les désirs, les façades et les codes qui façonnent la...
03 décembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
© Laura Barth / Instagram
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine explorent la matérialité de la photographie. Du papier aux émulsions, en passant...
02 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger