Cette semaine, Pauline Gallot et Georgia Ponirakou, nos coups de cœur #445, creusent dans leurs souvenirs pour créer des archives visuelles du quotidien. Pour l’une, c’est en s’évadant vers d’autres horizons qu’elle se retrouve. Pour la seconde, c’est avec ses proches que les possibles s’ouvrent.
Pauline Gallot
« J’ai toujours eu conscience du temps qui passe et de la nécessité de ne jamais tenir les autres et les instants d’existence pour acquis. Besoin de garder des moments de vie afin de les transformer en souvenirs et histoires intemporels », confie Pauline Gallot. Pour la designer et artiste originaire de Lyon, installée dorénavant à Sydney en Australie, c’est dans le voyage que sa passion pour la photographie a grandi. Visitant les capitales du monde, lâchant prise sur les côtes atlantiques de France, se défoulant dans les fêtes sans fin entre ami·es, elle s’émancipe et capture ce qui passe. « Le souvenir prend tout son sens dans ma photographie, j’ai besoin d’enregistrer ou d’immortaliser au quotidien des scènes pour être sûre de me rappeler de la « couleur » ambiante de ce que j’expérimente. Je suis amoureuse du moment présent et des mémoires qu’il peut engendrer. Je crois que l’utilisation presque systématique de l’argentique ajoute une dimension à cette idée d’éphémère et d’authenticité. J’associe volontiers mon travail à des accidents visuels. » Attrapant ces instants de bonheurs fragiles en plein vol, elle les fait perdurer en dehors du cadre, et diffuse sur la durée la joie d’un moment révolu.
© Pauline Gallot
Georgia Ponirakou
Chez l’artiste plasticienne, performeuse et poète Georgia Ponirakou, la photographie protège du monde, tel un espace rassurant pour se délester du tumulte journalier. C’est en intégrant un club culturel à la fac que tout a commencé. Pellicule noir et blanc, tirages à la chambre noire et les rues d’Athènes comme modèle. « J’adore voir quand les personnes essaient d’être ce qu’iels ne sont pas, de jouer un autre personnage, de nouvelles mimiques, lorsque je m’apprête à faire un portrait d’elleux. Mais d’une manière ou d’une autre, je parviens à changer cela et à mettre leur vérité – et par la même occasion, la mienne — en lumière », explique-t-elle. Fouillant dans les bons ou mauvais romans, les vers de poésie, les paroles d’une chanson, les voyages ou encore dans son quotidien de mère, Georgia Ponirakou puise son inspiration partout où son « subconscient l’attire ». Chaussettes trouées, verres brisés, tâche de sang et bobos aussi vite soignés par une douce étreinte maternelle… L’élan vital qu’infusent les images de l’artiste nous plonge dans ce qui la touche et la mue au plus profond d’elle-même. « Cela ne m’arrive plus très souvent d’être nostalgique. Mais je chéris mes souvenirs d’enfance et conserve tout ce qui peut être considéré comme des archives. Je collectionne également de vieilles photos et lettres trouvées », comme pour retomber dessus les jours de pluie…
© Georgia Ponikarou
Image d’ouverture © Georgia Ponirakou