Reuben Shaul et Silvia Amicarelli, nos coups de cœur de la semaine, savent pénétrer à l’intérieur d’elleux-mêmes pour imaginer les histoires qu’iels veulent raconter. Le premier explore les paysages montagneux qui l’entourent, les contrastes et les équilibres qui les façonnent, tandis que la seconde fixe le bouillonnement qui anime la ville et les êtres.
Reuben Shaul
« Je suis un observateur qui capture ce qu’il voit, sans interférence ni mise en scène », explique Reuben Shaul. Cet ancien ingénieur, reconverti en photographe par amour de l’objectif, a vécu dans des villes très animées du monde entier, absorbant diverses cultures et langues, avant de s’installer dans une petite station de ski des Alpes françaises, Morzine, en compagnie de sa famille. Lieu privilégié pour explorer les thématiques qui poursuivent l’artiste depuis longtemps, les Alpes et leurs paysages urbains et naturels semblent cristalliser les contrastes entre les opposés, ainsi que l’équilibre qui se trouve entre eux. « Je capture ce dernier pendant l’intersaison, dans les périodes de transition entre l’hiver et l’été », raconte-t-il. La fonte des neiges, révélant la terre sur laquelle elle repose, symbolise le mieux ce changement. « Une autre période d’équilibre que je capture est celle de l’heure bleue, lorsqu’il n’y a ni jour ni nuit », poursuit-il. Dans sa vision des choses, amener sa perception à rester concentrée lorsque l’esprit est agité est le meilleur apprentissage que peut offrir la pratique de la photo. Inspiré par l’étude du zen et du bouddhisme, Reuben Shaul revient toujours à la méditation photographique, et affirme que « les décors qui composent la nature nous rappellent d’explorer leurs contrastes à l’intérieur de nous-mêmes ».
Silvia Amicarelli
De son pseudonyme artistique Alcesty, d’après le nom de cette figure issue de la mythologie grecque, Silvia Amicarelli renoue depuis plusieurs années avec les arts visuels, desquels sa scolarité et la pression sociale l’ont éloignée. C’est un triste évènement, un accident de voiture survenu à la fin de l’adolescence, qui la conduira à revenir à ses premières amours. Inspirée par les codes de la photographie de mode, elle capture aujourd’hui natures mortes et mouvement vital des êtres qu’elle côtoie, ainsi que, parfois, des images des villes qu’elle visite et de places oubliées. « Tout ce qui a une histoire à raconter » l’intrigue, confie-t-elle. Cette artiste de 33 ans, « fabriquée dans les Pouilles, en Italie », compose un cocktail original qui puise à la fois dans le reportage, le portrait et la mode. Apprendre à connaître son modèle, et capter une once de son essence dans l’histoire qu’elle imagine est devenu sa recette incontournable, secret d’une alchimie réussie qui fait le délice de ses compositions.