Léa Claisse et Lauren Kaigg, nos coups de cœur de la semaine, privilégient le noir et blanc pour imaginer des atmosphères cinématographiques. Si l’une plante son décor dans un paysage sobre et montagneux, l’autre capte le surréel de l’existence quotidienne.
Léa Claisse
C’est en travaillant avec des organisations non gouvernementales, sur le terrain, que la photographie s’est peu à peu imposée comme une révélation pour Léa Claisse. Cette artiste résidant entre Paris et les Alpes françaises s’immerge depuis quelques années dans la culture alpine, explorant en particulier l’architecture des stations de ski et la photo d’action avec les sports de glisse. Employant le noir et blanc, elle alterne entre des prises de vue décalées avec les athlètes, et des shootings mettant en avant le travail des architectes Le Corbusier et Charlotte Perriand. La station de ski des Arcs apparaît comme à l’avant-garde en termes de constructions, tout en entretenant un lien d’harmonie avec la nature environnante. « Pour illustrer ces séries photographiques, que je reprends aussi en peinture, j’ai griffonné un recueil de poèmes et d’essais sur la vie dans les hauteurs, détaille-t-elle. Ayant grandi en partie dans ces lieux, j’aime témoigner des changements de la station mais aussi de la montagne elle-même. » Des éléments du feng shui sont ainsi mêlés à des ambiances savoyardes, créant des visions délicieuses de simplicité et de minimalisme.
Lauren Kaigg
« Je vois mes images comme des fenêtres sur des mondes qui brouillent la frontière entre réalité et imaginaire », confie Lauren Kaigg, photographe originaire de Bristol. Fascinée par les aspects étranges de la vie et les moments à la fois familiers et déconcertants, elle s’éclaire, pour mener son travail, « des idées philosophiques », tout comme des pratiques surréalistes, mais aussi des ambiances de la musique électronique. Avec Loop, son projet le plus récent, nous pénétrons dans un univers où la pensée et l’art palpitent ensemble, et où la réalité, aussi étrange soit-elle, poursuit son cours naturellement. Elle y explore les émotions contradictoires qui peuvent surgir lorsque l’on se plonge dans la contemplation de l’inconnu. « Créer des images m’aide à traiter mes pensées et mes sentiments sur le monde, et constitue pour moi une forme d’évasion », raconte-t-elle. Au fond, pour elle, le vide n’existe pas : car il est possible de trouver en toute chose des substances et des significations cachées. Avec cette œuvre, elle révèle ainsi les mystères subtils qui existent dans le quotidien.