Combler les vides de notre existence

03 juillet 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Combler les vides de notre existence

Comment donner du sens à la perte d’un être cher ? Avec Borders of Nothingness, Margaret Lansink, photographe néerlandaise, tente de trouver des réponses. Une série métaphorique à fleur de peau, à découvrir durant les Rencontres d’Arles.

Pour Margaret Lansink, la photographie est un art profondément intuitif. Son boîtier l’accompagne dans chaque étape de sa vie, afin d’immortaliser des souvenirs et de combler des vides. « C’est devenu une véritable nécessité, pour moi », explique-t-elle. « Comme si j’avais enfin trouvé un moyen d’exprimer mes émotions ». Lorsque sa fille décide de mettre fin à leur relation, la photographe entreprend un voyage à la fois physique et métaphorique. Durant six semaines de résidence artistique au Japon, elle ressent cette perte d’un être cher, une sensation qui s’empare de tout son corps. Là-bas, elle découvre la philosophie wabi sabi, un courant de pensée visant à accepter les choses telles qu’elles sont, en recherchant la beauté dans l’imperfection. « C’est grâce à cette révélation – que la beauté et la souffrance sont imparfaites et éphémères – que j’ai pu déjouer les pièges de ma propre peur, et m’en séparer temporairement, à la frontière du vide », confie Margaret.

Une introspection salutaire

Sombres, les photographies de l’artiste apparaissent comme des fragments de pensées bruts et douloureux. Les corps nus, en négatif peuplent les clichés, et forment un ensemble à la fois tendre et désordonné. Un panorama des sentiments de la photographe. « Ma série évoque le deuil, de façon cru, mais aussi l’amour infini, la volonté de lâcher prise et l’envie de faire confiance à nouveau », précise-t-elle. Borders of Nothingness s’impose comme un cri sourd, et un témoignage d’affection. « J’ai eu des difficultés à publier cette histoire », confie Margaret. « Ne ferais-je pas de mal à ma fille ? J’ai donc montré les images à mes autres enfants, en leur demandant ce qu’ils ressentaient. Leur réponse unanime a été « de l’amour » ». En produisant cette série à fleur de peau, la photographe s’immerge dans son propre imaginaire. Les images au grain puissant se lisent comme des bribes de souvenirs, un retour vers l’intime et la douceur. Ici, les opposés s’attirent, la perte et la découverte, la douleur et l’amour. En documentant la fin d’une relation, Margaret met en lumière une toute autre émotion : le miracle de la connexion humaine.

© Margaret Lansink

© Margaret Lansink

© Margaret Lansink

© Margaret Lansink© Margaret Lansink

© Margaret Lansink

© Margaret Lansink


© Margaret Lansink© Margaret Lansink

© Margaret Lansink© Margaret Lansink© Margaret Lansink© Margaret Lansink

© Margaret Lansink

Explorez
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
© Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
Jusqu’au 19 mai 2024, la photographe Isabelle Vaillant investit L’Enfant Sauvage, à Bruxelles, en proposant une exposition rétrospective....
26 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
© Elie Monferier
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
Imaginé durant une résidence de territoire au cœur du Couserans, en Ariège, Journal des mines, autoédité par Elie Monferier, s’impose...
25 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Fièvre : les remous intimes de Lorenzo Castore
© Lorenzo Castore
Fièvre : les remous intimes de Lorenzo Castore
Jusqu’au 11 mai, la galerie parisienne S. accueille le photographe Lorenzo Castore, l’un des pionniers de la nouvelle photographie...
22 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Les coups de cœur #489 : Julie Legrand et Kathleen Missud
© Julie Legrand
Les coups de cœur #489 : Julie Legrand et Kathleen Missud
Nos coups de cœur de la semaine, Julie Legrand et Kathleen Missud, ont toutes deux, au cours de leur parcours dans le 8e art, fait le...
22 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
© Stefanie Moshammer
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
Les images de Stefanie Moshammer s’inspirent d’expériences personnelles et de phénomènes sociaux, à la recherche d’un équilibre entre...
27 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
© Christopher Barraja
Instax mini 99 : les couleurs instantanées d’Aliocha Boi et Christopher Barraja 
La photographie analogique ne cesse de séduire un large public. Pour Fujifilm, Aliocha Boi et Christopher Barraja s’emparent de l’Instax...
26 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
© Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant : récits d’une construction intime
Jusqu’au 19 mai 2024, la photographe Isabelle Vaillant investit L’Enfant Sauvage, à Bruxelles, en proposant une exposition rétrospective....
26 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Hailun Ma, pour l'amour du Xinjiang
© Hailun Ma, Kashi Youth (2023) / Courtesy of the artist, Gaotai Gallery and PHOTOFAIRS Shanghai (25-28 avril, Shanghai Exhibition Centre)
Hailun Ma, pour l’amour du Xinjiang
Que savons-nous de la vie des jeunes de la province du Xinjiang, en Chine ? Probablement pas grand-chose. C’est justement dans une...
26 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill