Les coups de cœur #518 : Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau

11 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #518 : Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau
© Cecilia Pignocchi. Tempo Bello
© Cecilia Pignocchi. Tempo Bello

Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau, nos coups de cœur de la semaine, dévoilent un cabinet de curiosités constitué de souvenirs et de retours aux sources. À travers des couleurs enchantées et des lumières chatoyantes, l’une se reconnecte à ses origines et expériences vécues, et l’autre assemble un album d’expérimentations artisanales.

Cecilia Pignocchi

C’est sous le soleil brûlant de juin, en Italie, que Cecilia Pignocchi voit le jour. « Bien que née au bord de la mer, je me suis toujours sentie comme un poisson hors de l’eau dans ma ville natale et, plus largement, en Italie. Dès l’adolescence, j’ai eu envie de partir », confie celle qui se définit davantage comme une exploratrice du médium photographique que comme une photographe à proprement parler. En quête de son identité personnelle, elle tourne alors le dos à ses racines méditerranéennes et s’en va explorer le monde durant ses études de design, puis s’installe pendant huit ans à Amsterdam, « où la lumière et la météo étaient drastiquement différentes de ce à quoi j’étais habituée », ajoute-t-elle avec humour. Durant cette période, à chaque retour au pays, elle ressent le besoin de photographier les couleurs vibrantes qui avaient disparu de sa vie quotidienne. « En m’éloignant de ce que je croyais connaître, j’ai inconsciemment entamé un voyage de redécouverte de mes origines », reconnaît l’artiste. En quête d’une vie plus calme, Cecilia Pignocchi démissionne de son emploi à temps plein, quitte les Pays-Bas et embarque pour un voyage à travers l’Europe et autour du bassin méditerranéen, à vélo et en van. C’est ici qu’elle découvre deux choses essentielles : le temps et le soleil. « C’est de la combinaison de ces deux ingrédients qu’est né Tempo Bello. Cela signifie “le beau temps” en italien et cette série raconte mon voyage de reconnexion avec mon essence », explique-t-elle. Le temps lui donne la possibilité de replonger dans les photos qu’elle avait prises lors de ses séjours en Italie et elle décide de les poster sur une page Instagram dédiée. « J’ai réalisé que le beau temps était à l’origine de toutes les images que je capturais. Il est devenu évident que sans soleil et sans ciel bleu, il n’y aurait pas de photos », avoue-t-elle. Rapidement, ses images de l’Italie n’ont plus suffi à alimenter son compte Instagram. Elle se met alors à photographier tous les jours les paysages qu’elle traversait. « Ce qui était initialement perçu comme une pure expression visuelle a commencé à révéler une histoire plus personnelle, le processus d’analyse de mes images devenant presque thérapeutique », conclut l’autrice.

© Cecilia Pignocchi. Tempo Bello
© Cecilia Pignocchi. Tempo Bello
© Cecilia Pignocchi. Tempo Bello
© Cecilia Pignocchi. Tempo Bello
© Emma Corbineau

Emma Corbineau

« Petite, je rêvais d’être peintre », avoue Emma Corbineau. La photographe autodidacte de 25 ans célèbre la part d’insouciance qui vit en nous dans des images, qui semblent tout droit sorties d’un cabinet de curiosités. « Pour moi, les images sont des objets issus de mes expérimentations du médium argentique », raconte-t-elle. Dans la chambre noire, elle fabrique ses tirages de A à Z, qu’elle agrémente parfois de peintures colorées, qu’elle déchire, qu’elle altère à sa manière, parfois de façon accidentelle. « Mes tirages ont quelque chose de vécu, soutient Emma Corbineau. C’est comme si un fantôme planait sur mon corpus d’image, tels de vieux albums remplis de souvenirs. » Ils constituent pour l’artiste « une accumulation d’objets étranges qui, ensemble, créent une œuvre globale ». Grandement influencée par la peinture naïve et brute, elle explore ainsi l’enfance, le rêve et la nature avec une pointe de magie. Portant autant d’importance au support de la photographie qu’aux procédés, elle déclare que le côté artisanal du médium lui permet de révéler ses histoires, d’archiver ses propres souvenirs dans une atmosphère tendre et poétique. Car ce qui est fondamental aux yeux d’Emma Corbineau, c’est bien de photographier les personnes qui lui sont chères et les objets qu’elle perçoit comme fascinants. Elle conclut : « J’espère que cet intime, qui m’est propre, peut se révéler être universel. »

© Emma Corbineau
© Emma Corbineau
© Emma Corbineau
© Emma Corbineau
© Emma Corbineau
À lire aussi
Les coups de cœur #517 : Valentina Luraghi et Adeline Praud
© Valentina Luraghi
Les coups de cœur #517 : Valentina Luraghi et Adeline Praud
Valentina Luraghi et Adeline Praud, nos coups de cœur de la semaine, abordent des sujets en lien avec la santé, qu’elle soit physique ou…
04 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #514 : Luuk van Raamsdonk et Chochana Rosso 
© Luuk van Raamsdonk. My Sweet Elora
Les coups de cœur #514 : Luuk van Raamsdonk et Chochana Rosso 
Luuk van Raamsdonk et Chochana Rosso, nos coups de cœur de la semaine, embarquent sur le chemin de l’abandon, de l’absence et des…
14 octobre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger

Explorez
Les images de la semaine du 10 novembre 2025 : ébullition photographique 
Berceau de Moïse (Reine de la nuit), Guyane, 2025 © Sylvie Bonnot, courtesy Hangar Gallery, Brussels
Les images de la semaine du 10 novembre 2025 : ébullition photographique 
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les événements photographiques abondent à Paris. Voici un tour d’horizon des festivals, foires et...
16 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 événements photo à découvrir ce week-end
© Boby
5 événements photo à découvrir ce week-end
Ça y est, le week-end est là. Si vous prévoyez une sortie culturelle, mais ne savez pas encore où aller, voici cinq événements...
15 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 3 novembre 2025 : les actualités de Fisheye
© Ian Cheibub
Les images de la semaine du 3 novembre 2025 : les actualités de Fisheye
C’est l’heure du récap ! Entre la parution d’un nouvel ouvrage, la sortie du numéro #74 et celle d’un épisode de Focus, la semaine a été...
09 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Paris Photo 2025 célèbre la photographie au Grand Palais
© Chloé Azzopardi / Fisheye Gallery
Paris Photo 2025 célèbre la photographie au Grand Palais
Du 13 au 16 novembre 2025, les yeux des amateurs de photographie seront tournés vers Paris Photo. La foire internationale se tiendra de...
05 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
© Simon Phumin / Instagram
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine se plongent dans les livres et les univers composés de mots. Ouvrages, magazines...
À l'instant   •  
Écrit par Marie Baranger
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Topside III, de la série L’île naufragée, 2022 © Richard Pak
16 expositions photographiques à découvrir en novembre 2025
Pour occuper les journées d'automne, la rédaction de Fisheye a sélectionné une série d'événements photographiques à découvrir à Paris et...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
© Madalena Georgatou
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les images de la semaine du 10 novembre 2025 : ébullition photographique 
Berceau de Moïse (Reine de la nuit), Guyane, 2025 © Sylvie Bonnot, courtesy Hangar Gallery, Brussels
Les images de la semaine du 10 novembre 2025 : ébullition photographique 
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les événements photographiques abondent à Paris. Voici un tour d’horizon des festivals, foires et...
16 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet