Nos coups de cœur de la semaine, Azip373 et Sébastien Buret, s’emparent de la pratique documentaire. Si le premier cherche à saisir la beauté du présent qui l’entoure, le second plonge dans des week-ends festifs où danseur·ses de breaking s’affrontent, tout en communiant.
Azip373
L’approche photographique d’Azip373, ou El Chico De Las Flores pour les intimes (le garçon des fleurs, en français, nldr), est franche : « Je capture ce que saisissent mes yeux dans le quotidien. » L’artiste franco-colombien installé à Berlin navigue dans les eaux du présent. Il associe l’appareil photo à un outil qui fige un instant qu’on ne pourra jamais reproduire à l’identique. « Personnellement, j’ai souvent eu du mal à vivre dans le présent. J’ai tendance à ressasser le passé ou à m’inquiéter de l’avenir. Nous sommes beaucoup sur cette terre à être ainsi, notamment car la société nous pousse constamment à penser au futur : qu’étudieras-tu ? Pour quelle entreprise travailleras-tu ? », confie-t-il. Dans ses images résonne la maxime « on n’a qu’une vie » : flash, soirées arrosées, danses d’oiseaux dans le ciel, montagnes et petits chats noirs malicieux. L’artiste livre un récit empreint d’émotions de la vie humaine, celle de tous les jours, celle que chacun·e d’entre nous expérimente et observe. « Mon cadeau aux autres, c’est de partager ce dont j’ai eu la chance d’être témoin au cours d’une journée apparemment normale qui est pourtant devenue drôle, triste, surprenante ou poétique, simplement grâce à un moment », raconte-t-il. S’inspirant de l’approche fugace de Wolfgang Tillmans qui « semble avoir une âme d’enfant qui voit tout comme si c’était la première fois » selon l’auteur, Azip373 nous plonge dans « son monde à l’envers », espiègle, parfois tordu, voire fantastique, mais toujours entièrement ancré dans le réel.
Sébastien Buret
Partant de sa pratique du graffiti, Sébastien Buret s’empare du médium photographique pour consigner ses œuvres éphémères qui jalonnent le béton. « La photo me permettait de mettre du sens dans ce que je faisais, de garder un souvenir », explique-t-il. C’est en association avec cette pratique qu’il se retrouve dans de nombreuses manifestations culturelles transverses, en particulier des rencontres de breaking. « Je m’attache à documenter cet art au travers des “jams”. Ce sont des événements non officiels organisés par des compagnies de danse, qui laissent plus de place à l’échange et au partage, à la transmission d’un savoir », précise l’artiste. Dans un monochrome texturé, entre la France, la Suisse et la Belgique, il capture l’énergie des danseur·ses, les ambiances festives et la solidarité qui émane de ses moments. « Je souhaite figer, dans mon travail, toute la positivité que la danse permet », poursuit Sébastien Buret. Mais au-delà de simplement archiver dans le papier cette culture du breaking, le photographe décortique un sujet qui évoque l’amour et l’universalité : « Le breaking, c’est des batailles sans violence, c’est des personnes qui viennent d’horizons différents, de cultures et de religions multiples, de nations parfois en guerre. Cela parle de mixité, d’inclusion, d’égalité des genres, avec ses failles, mais surtout ses moments de communion », conclut-il.