Après avoir suivi une école de photojournalisme et travaillé pour la rédaction d’un journal, Danila Tkachenko réalise progressivement que cette manière de faire de la photographie ne lui convient pas.
Il étudie par ailleurs à la Rodchenko School of Photography and Multimedia, à Moscou, et décide de s’éloigner du reportage pour aller vers une approche plus documentaire. Son projet Escape s’intéresse aux personnes vivant en marge de la civilisation, qui se sont retirées en ermites, comme Henry David Thoreau, l’écrivain américain du XIXe siècle, auteur de Walden ou la vie dans les bois. Il passe trois ans sur cette série qui l’entraîne un peu partout en Russie et en Ukraine. C’est le conflit entre l’homme et la société qui l’intéresse, plus que les personnes en elles-mêmes.
Après ce travail distingué en 2014 par un World Press Photo, exposé au Mois de la Photo à Berlin et qui a fait l’objet d’un livre, Danila entreprend une nouvelle série, Restricted Areas, où il propose une réflexion sur la course au progrès technologique, ses usages et ses conséquences, dans un style post-apocalyptique proche de la science-fiction. « Ce projet est une métaphore de la désolation et de la mort résultant du progrès technique », précise le photographe, qui a voyagé pendant quatre ans en Russie, en Bulgarie et au Kazakhstan. Son prochain travail traitera des villages russes désertés. Pour Danila Tkachenko, « la photographie ne reflète pas la réalité ». « N’importe quel objet peut être photographié et interprété d’un million de façons, et le résultat d’une telle interprétation différera toujours de la réalité. […] La photographie contemporaine est plus proche que jamais de l’art contemporain, et ce dernier ne signifie quelque chose que quand il produit de nouveaux sens, qu’il crée une nouvelle interprétation du monde. C’est ce que j’essaie de faire avec la photographie. » Jusqu’au 26 juillet 2015, Restricted Areas est exposé au Athens Photo Festival, en Grèce.
© Danila Tkachenko