Du 7 juin au 14 juillet 2025, le festival Les Mesnographies revient pour une cinquième année dans le parc municipal des Mesnuls. Une édition engagée, portée par seize photographes internationaux·les, et placée sous le signe de la sororité, thème central d’un focus fort et nécessaire.
Pour cette cinquième édition, Les Mesnographies propose une programmation résolument contemporaine et engagée. Sous le regard de Florence Moll, fondatrice de l’agence FMA le Bureau, co-fondatrice de l’association Les Filles de la Photo et marraine de cette nouvelle édition, le festival explore des thématiques sensibles, telles que l’immigration, la maladie, l’identité et l’écologie, tout en réalisant un focus indispensable en ces temps de combats constants. « Dans un monde où une femme est tuée toutes les 10 minutes, où des atrocités comme les viols subis par Gisèle Pelicot et son combat font l’actualité. Où l’avortement est remis en cause après des décennies de lutte. Où l’Iran torture, enferme et bat des femmes à mort pour une mèche de cheveux visible. La liste est bien trop longue et il nous semble primordial de donner une place forte à la sororité dans notre programmation », écrivent Claire Pathé et Maud Guillot, qui assurent la direction artistique. Cette année, quatre photographes sont réunies autour du thème de la sororité pour porter, en images, des récits de résistance, de mémoire et de liens essentiels. De plus, comme chaque année, le jardin n’est pas clos propose un parcours hors les murs en investissant d’autres communes du parc naturel régional. Aux côtés du focus sororité, un second parcours questionne l’urgence climatique avec six artistes invité·es dont Sandrine Elberg et Étienne Francey. Entre documentaire et fiction, anticipation et sublimation, les images apportent de nouvelles narrations face à la catastrophe.
Sororité en actes, en gestes et en images
Parmi les quatre femmes photographes traitant de ce sujet aussi sensible que politique, nous retrouvons Hoda Afshar et Thalía Gochez. Toutes deux explorent ce lien essentiel qui existe entre les femmes à travers des travaux puissants. Originaire d’Iran et installée en Australie, Hoda Afshar s’empare du médium pour en interroger les biais et les pouvoirs. Sa série In Turn, réalisée en réponse au soulèvement féministe qui a enflammé l’Iran à l’automne 2022, rend hommage aux femmes qui ont investi les rues après la mort de Jina Mahsa Amini, arrêtée pour ne pas avoir porté correctement le hijab. Dans des mises en scène empreintes de symbolisme, des Iraniennes-Australiennes tressent les cheveux des unes et des autres dans une intimité silencieuse et révoltée. Ce geste simple devient un rituel de résistance, un écho aux combattantes kurdes, aux vidéos virales de femmes ôtant leur voile, aux oiseaux relâchés en hommage aux manifestant·es tué·es.
Thalía Gochez, photographe autodidacte de Los Angeles, offre avec Honey une célébration lumineuse de la solidarité féminine. Fille d’immigré·s mexicain·es et salvadorien·nes, elle ancre sa pratique dans les héritages familiaux, les identités racisées et les résistances du quotidien. Commencée comme un acte politique contre les idées oppressives de l’Amérique de Trump, sa série s’est métamorphosée au fil des années en un geste d’amour et de collaboration. Ses portraits, vibrants de couleurs chaudes et d’expressions affirmées, transforment la beauté en un outil de réappropriation. Elle ne fait pas de la sororité un simple slogan, mais un symbole de douceur, de puissance et de communauté. Avec une édition plus que jamais ancrée dans les luttes contemporaines, le festival Les Mesnographies nous rappelle que l’image peut éclairer, témoigner, et rassembler.