Que faire, lorsque la liberté de circuler nous est enlevée ? Comment rendre compte, à travers la photographie, de notre environnement, de notre réalité ? Inspirés par le monde extérieur, la notion d’intimité, ou encore les expérimentations plastiques, les photographes ont rivalisé de créativité pour nous permettre, malgré la quarantaine, de nous évader d’un quotidien oppressant. Retour sur les travaux qui nous ont émus, questionnés, ou fait rire durant les confinements.
Sasha Mongin
« Au début du confinement, je me suis sentie comme un personnage de cartoon que la Covid-19 avait gelé sur place, doté d’un super pistolet cryogénisant », confie Sasha Mongin. Afin de garder une trace de la quarantaine, elle a choisi de figer des objets hautement symboliques. Une réflexion glaçante sur l’un des terribles effets du virus : la privation de nos libertés.
© Sasha Mongin
Kamila Stepien
« Il s’agit d’un couple fraîchement formé, encore fragile, arrivé en France. Les amoureux se sont installés dans ma maison familiale au moment où Emmanuel Macron annonçait le début du confinement », explique Kamila Stepien. Dans Lovers stay at home, elle signe un documentaire intimiste, et interroge les notions d’amour, de passion, de maladie et de liberté.
© Kamila Stepien
Morvarid K
Les projets de Morvarid K sont presque toujours marqués par l’engagement, la complexité humaine et la résilience. Fondamentales dans son œuvre, ces trois notions sont aussi intemporelles et universelles et ont particulièrement raisonné durant la crise du Covid 19. En témoigne son travail Preserved for a better day.
© Morvarid K
Nicola Bertas
« Nous avons reçu de mystérieuses cartes postales venues du futur. Elles sont adressées aux citoyens, en ces temps difficiles »,
écrit Nicola Bertasi. D’où viennent ces étranges objets ? Le monde est-il prisonnier d’un cycle sans fin ? Le photographe mêne l’enquête et signe une série de collages faisant dialoguer les épidémies du présent et du passé.
© Nicola Bertasi
Ibai Acevedo
« Je me situe dans un étrange état d’hibernation où la perception du temps commence à être un concept flou »
, nous a confié Ibai Acevedo, durant le confinement. Enfermé chez lui, à Barcelone, il a transporté ses followers dans un univers intimiste et onirique.
© Ibai Acevedo
Laurent le Crabe
« Pour
Lockdown routine, j’ai souhaité immerger les gens dans mon quotidien, pousser le virtuel à son paroxysme en le réhumanisant. Un genre d’inception éveillée », confie Laurent le Crabe. À travers ce journal visuel, le photographe partage avec humour sa vie de confiné.
© Laurent le Crabe
Ed Alcock
Confiné à Paris avec sa femme et son fils, le photographe Ed Alcock, membre de l’agence Myop, a réalisé un carnet de bord de sa quarantaine. Stérile dévoile un monde aseptisé, où humour, craintes et questionnements rythment un quotidien absurde.
© Ed Alcock / M.Y.O.P. 2020
Sébastien Leban
« La distanciation sociale ? C’est un oxymore ! », annonce Sébastien Leban, photographe et journaliste de 32 ans. Fasciné par cette étrange période, il témoigne du confinement du haut de son balcon, situé au 5e étage. Il partage avec Distanciation sociale, une réflexion à deux niveaux.
© Sébastien Leban
Robert Hyde
« Paradoxalement, cette quarantaine me pousse à sortir et photographier la rue »,
confie Robert Hyde. Cinématographiques, les images de Street Paralysis évoquent un Hopper lugubre et cynique et exposent un espace en mutation, hors du réel et du temps.
© Robert Hyde
Cyril Entzman
« À travers cette série je voulais utiliser la réalité nécessaire à toute image pour évoquer les sentiments qui nous traversent – de l’euphorie à l’angoisse en passant par la peur – dans cette période que l’on annonce historique »
, explique Cyril Entzmann. À bientôt dans la vraie vie, s’impose comme une ode intime à la joie, l’amour et la nostalgie.
© Cyril Entzmann
Hervé Châtel
Le 14 mars, écran noir pour les cinémas français. Coup dur pour le photographe de rue Hervé Chatel, passionné par le 7e art. Durant le premier confinement, il a photographié quelques cinémas parisiens à l’aide d’une technique, qui porte le nom de la série : le tournage en « nuit américaine ».
© Hervé Châtel
Marie Aynaud
Confinée chez ses parents, Marie Aynaud ressent un grand besoin d’images. « Mais je ne pouvais plus me confronter aux miennes ni à celles d’Instagram », raconte-t-elle. En découvrant le collage, elle pose un regard de femme sur le nu et crée des œuvres poétiques synonymes de liberté.
© Marie Aynaud
Image d’ouverture : © Marie Aynaud