Les ruines s’embellissent dans l’abbaye de Jumièges ! 

07 avril 2023   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Les ruines s’embellissent dans l’abbaye de Jumièges ! 

Le logis abbatial de l’abbaye de Jumièges accueille Ruines – variations photographiques jusqu’au 21 mai 2023. Toutes et tous originaires de Seine-Maritime, les neuf photographes exposé·es donnent à voir leurs différents regards sur l’idée de ruine, d’abandon ou encore de dévastation. 

Surnommée « la plus belle ruine de France », l’abbaye de Jumièges, située au cœur de la Seine-Maritime, propose une exposition collégiale questionnant un sujet qui lui est cher : la représentation de ruines. Souvent associées à des amas de débris d’édifices à l’abandon, celles-ci peuvent être tant sublimes, misérables qu’énigmatiques. Mais, elles sont avant tout un puits sans fond d’histoires et d’anecdotes. L’exposition intitulée Ruines – variations photographiques, conçue par Jeanne Taconnet, se compose de clichés de neuf photographes seino-marin·es. Le regard personnel de chaque artiste et leur libre interprétation du sujet offrent une vision multiple de l’évolution de cet objet dans l’histoire de l’art, d’hier à aujourd’hui. De l’impact d’une ruine sur l’environnement à la simple représentation artistique que l’on peut s’en faire, l’événement présente un parcours complet de tous ces vestiges inachevés ou détériorés.

© Julie Pradier© Julie Pradier

© Julie Pradier

Des visions diversifiées 

« Il y a comme un lien de famille entre l’acte photographique et la ruine, entre la capture et le vestige, une sorte de lutte commune contre la disparition et je crois avoir toujours été sensible aux travaux photographiques dont l’objet était justement de répertorier des ruines ou presque ruines », confie Alexandra Fleurantin. Dans Death Valley, la photographe capture les stigmates du passé industriel révolu des vallées de la Suisse Normande. Ce sujet fait écho à celui de Coline Jourdan avec Soulever la poussière. Cette dernière y interroge l’extractivisme minier sur l’ancienne mine d’or et d’arsenic de Salsigne, dans l’Aude. Par leurs séries, les deux artistes exposent l’impact d’un passé minier ou industriel sur les paysages et l’environnement. « La ruine n’est plus seulement une relique romantique d’un événement passé, elle remet en question l’opposition de l’homme à la nature, et des rapports destructeurs que l’homme entretient avec son environnement. » se désole Coline Jourdan. 

Artiste plasticien, Thomas Cartron crée des récits qui font également écho aux enjeux de notre société actuelle. Il s’intéresse précisément à l’essence de la photographie, de ce qu’il en reste lorsque le médium disparait et ce qu’elle ne montre pas lorsqu’elle apparait. Ses visuels interpellent et prennent vie pour conter une épopée moderne des notions de ruine, de résistance et de trace. À l’instar de Thomas Cartron, Julie Pradier présente des ruines modernes, des infrastructures de loisirs ou encore des constructions militaires. Dans Europe, after the rain, la photographe expose des clichés d’une construction naufragée à Brighton. Petit à petit, cette ruine devient épave et se fait engloutir par la mer.« Photographier le paysage peut apparaître comme une manifestation de notre inquiétude face à l’histoire et à un avenir tout aussi incertain. Mais c’est aussi une projection de nos désirs et croyances, une forme de liberté face à la disparition inéluctable », conclut-elle. Les travaux de Louise Brunnodottir, Marie-Hélène Labat, Nikodio, Perrine Fliecx et Anya Tikhomirova sont également à découvrir au cours de cette exposition. 

© Coline Jourdan

© Coline Jourdan

© Alexandra Fleurantin© Perrine Fliecx

© à g. Alexandra Fleurantin, à d. Perrine Fliecx

© Thomas Cartron

© Thomas Cartron

Image d’ouverture : © Thomas Cartron

Explorez
La rétrospective de Madeleine de Sinéty, entre France et États-Unis
© Madeleine de Sinéty
La rétrospective de Madeleine de Sinéty, entre France et États-Unis
L’exposition Madeleine de Sinéty. Une vie, présentée au Château de Tours jusqu'au 17 mai 2026, puis au Jeu de Paume du 12 juin au 27...
15 décembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
© Sarah van Rij
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
Jusqu’au 25 janvier 2026, Sarah van Rij investit le Studio de la Maison européenne de la photographie et présente Atlas of Echoes....
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
© Guénaëlle de Carbonnières
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
À la suite d’une résidence aux Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières a imaginé Dans le creux des images. Présentée jusqu’au...
11 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #568 : Bastien Bilheux et Thao-Ly
© Bastien Bilheux
Les coups de cœur #568 : Bastien Bilheux et Thao-Ly
Bastien Bilheux et Thao-Ly, nos coups de cœur de la semaine, vous plongent dans deux récits différents qui ont en commun un aspect...
08 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 15 décembre 2025 : hommage, copines et cartes postales
© Ashley Bourne
Les images de la semaine du 15 décembre 2025 : hommage, copines et cartes postales
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, nous rendons hommage à Martin Parr, vous dévoilons des projets traversés par l’énergie d’une...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Chad Unger, feu tranquille
© Chad Unger
Chad Unger, feu tranquille
Chad Unger est l’auteur de la série au titre étrange et poétique Fire Barked At Eternity – littéralement « le feu aboya à l’éternité »....
20 décembre 2025   •  
Écrit par Milena III
4 livres à offrir à Noël : partons en vadrouille
American Album © Eloïse Labarbe-Lafon
4 livres à offrir à Noël : partons en vadrouille
Noël approche. À cette occasion, la rédaction de Fisheye vous concocte des sélections de ses livres photo préférés, que vous...
19 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sarah Bahbah : écran d’intimité
© Sarah Bahbah
Sarah Bahbah : écran d’intimité
Sarah Bahbah a imaginé Can I Come In?, un format immersif à la croisée du podcast, du film et du documentaire. Dans les six épisodes qui...
18 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet