Kamila K Stanley est une photographe anglo-polonaise installée à Paris. Avec Fanny Myon, graphiste et éditrice, elle signe son premier livre documentaire, FANTASMAS. Elle nous révèle le Rio de Janeiro post Jeux olympiques à travers des portraits étincelants et obscurs…
« Je suis captivée par la photo depuis gamine, mais je n’imaginais pas que ça deviendrait un jour mon métier », confie Kamila K Stanley, l’auteure de l’ouvrage FANTASMAS, réalisé en collaboration avec Fanny Myon. C’est durant ses études que la photographe découvre Rio de Janeiro. Une ville qu’elle considère comme la « plus belle au monde ». « J’adore ses rues, ses quartiers, son électricité et son désordre. C’est un pays sublime, avec une richesse culturelle incroyable », précise la photographe. En 2017, elle y retourne durant quelques semaines afin de documenter le Rio post J.O. Elle nous livre, dans son premier ouvrage, un « aperçu fugitif des contradictions et des fantômes qui hantent l’actuelle crise sociopolitique du Brésil ».
Les fantômes
En parcourant l’ouvrage FANTASMAS, on sillonne entre le Rio festif et les stades déserts construits à l’occasion des Jeux olympiques de 2016. En portugais, Fantasmas, signifie les fantômes. Le titre ne pouvait être plus évocateur. Fêtes endiablées vs grands espaces vides, Kamila nous révèle l’envers du décor. Six mois après les Jeux et les 20 millions de dépenses, Rio de Janeiro a subi une crise financière. Si les Cariocas (habitants de Rio) se réveillent pendant le carnaval et « dansent d’une énergie presque fiévreuse », ils demeurent cachés derrière leur masque, leur fantasia (déguisements, en portugais). Car FANTASMAS évoque aussi les fantasmes et les rêves irréalisables d’une génération enragée face à la corruption. « C’est une très jeune démocratie qui trébuche sous une avalanche de problèmes. À la racine de tout, il y a la corruption maladive, qui paralyse le progrès », explique la photographe qui conçoit ce projet documentaire comme « une ode amère douce » à la ville de Rio. Espérons, comme Clarice Araújo Imbuzeiro, que les Cariocas parviendront à se reconstruire… « Au cœur de tout cet égoïsme et de cette négligence, on puise aussi notre force : celle de se relever des décombres, et ceci est une chose que le carnaval nous enseigne. »
Fantasmas, 25 €, 67 p.
© Kamila K Stanley