Moustapha, alias Mous, 36 ans, vit en Belgique. Il pratique la photo de mode et n’hésite pas à en détourner les codes, comme en témoignent ses productions décalées et humoristiques sur sa page Instagram. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.
« Un jour, quelqu’un m’a dit que je vivais dans le futur. J’ai répondu que je cherchais une ambiance culturelle traditionnelle futuriste. Tout le monde fantasme sur le futur. Et ma vision de l’avenir est largement inspirée de mon socle culturel constitué d’humour, de dessins animés et de mode. Ma philosophie ? J’aime les traditions et j’essaie de les habiller d’un nouveau manteau. J’aimerais bien qu’on me surnomme un jour “voyageur du temps”. Je suis marocain et musulman, et cela me brise le cœur de voir l’image véhiculée par les médias à notre sujet. J’essaie donc de montrer au monde qui nous sommes vraiment »,
détaille Moustapha, alias Mous, 36 ans, photographe né au Maroc et vivant en Belgique, qui réalise projets personnels et éditoriaux de mode.
« Nous portons des noms. Nous adorons des designers, des blogueurs, et autres personnalités célèbres. La mode a tellement d’impact. Nous sommes obsédés par les marques et les symboles – et je les aime aussi ! » Les marques ? La mode ? Une nouvelle religion pour Mous qui n’hésite pas à casser les codes pour attirer notre attention. Les visages cachés et les objets détournés en témoignent sur son Instagram. Ses productions sont un prétexte pour témoigner des maux de notre société, comme celui de la place de la femme. « Pourquoi les femmes sont-elles plus vulnérables que les hommes ? Est-ce à cause de leur corps ? Pourquoi dans la rue, une femme est-elle moins en sécurité qu’un homme ? » L’enfance est aussi un sujet qui lui tient à cœur. « Beaucoup d’entre nous ont eu la chance de jouer ou de regarder des dessins animés dans leur enfance. Et puis il y a les autres qui n’ont pas eu cette chance, ils travaillaient ou s’occupaient de leur famille. C’est tellement important de vivre une belle enfance et de continuer à écouter, adulte, l’enfant qui est en nous. Il vous fait voir le monde différemment », confie- t-il. L’esprit de Mous ne s’arrête jamais : « J’écris toutes mes idées. J’ai un petit carnet, et lorsque j’ai rempli deux pages, je réserve un billet pour le Maroc : l’endroit idéal pour créer. Le paysage et la lumière sont plus inspirants qu’en Belgique. »
Une heureuse découverte, d’autant que sa passion pour la photographie est apparue un peu par hasard. « Un soir, je regardais un documentaire sur JR et son projet 28 millimètres, Portrait d’une génération, et le lendemain, j’ai acheté mon premier boîtier d’occasion. Après avoir pris des milliers de photos de mes amis et de ma famille, j’ai compris que je voulais aller plus loin », se souvient-il.
Cet article est à retrouver dans Fisheye #38, en kiosque et disponible ici.
© Mous Lamrabat