L’insoutenable légèreté de Mous

31 octobre 2019   •  
Écrit par Anaïs Viand
L’insoutenable légèreté de Mous

Moustapha, alias Mous, 36 ans, vit en Belgique. Il pratique la photo de mode et n’hésite pas à en détourner les codes, comme en témoignent ses productions décalées et humoristiques sur sa page Instagram. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.

« Un jour, quelqu’un m’a dit que je vivais dans le futur. J’ai répondu que je cherchais une ambiance culturelle traditionnelle futuriste. Tout le monde fantasme sur le futur. Et ma vision de l’avenir est largement inspirée de mon socle culturel constitué d’humour, de dessins animés et de mode. Ma philosophie ? J’aime les traditions et j’essaie de les habiller d’un nouveau manteau. J’aimerais bien qu’on me surnomme un jour “voyageur du temps”. Je suis marocain et musulman, et cela me brise le cœur de voir l’image véhiculée par les médias à notre sujet. J’essaie donc de montrer au monde qui nous sommes vraiment »,

détaille Moustapha, alias Mous, 36 ans, photographe né au Maroc et vivant en Belgique, qui réalise projets personnels et éditoriaux de mode.

« Nous portons des noms. Nous adorons des designers, des blogueurs, et autres personnalités célèbres. La mode a tellement d’impact. Nous sommes obsédés par les marques et les symboles – et je les aime aussi ! » Les marques ? La mode ? Une nouvelle religion pour Mous qui n’hésite pas à casser les codes pour attirer notre attention. Les visages cachés et les objets détournés en témoignent sur son Instagram. Ses productions sont un prétexte pour témoigner des maux de notre société, comme celui de la place de la femme. « Pourquoi les femmes sont-elles plus vulnérables que les hommes ? Est-ce à cause de leur corps ? Pourquoi dans la rue, une femme est-elle moins en sécurité qu’un homme ? » L’enfance est aussi un sujet qui lui tient à cœur. « Beaucoup d’entre nous ont eu la chance de jouer ou de regarder des dessins animés dans leur enfance. Et puis il y a les autres qui n’ont pas eu cette chance, ils travaillaient ou s’occupaient de leur famille. C’est tellement important de vivre une belle enfance et de continuer à écouter, adulte, l’enfant qui est en nous. Il vous fait voir le monde différemment », confie- t-il. L’esprit de Mous ne s’arrête jamais : « J’écris toutes mes idées. J’ai un petit carnet, et lorsque j’ai rempli deux pages, je réserve un billet pour le Maroc : l’endroit idéal pour créer. Le paysage et la lumière sont plus inspirants qu’en Belgique. »

Une heureuse découverte, d’autant que sa passion pour la photographie est apparue un peu par hasard. « Un soir, je regardais un documentaire sur JR et son projet 28 millimètres, Portrait d’une génération, et le lendemain, j’ai acheté mon premier boîtier d’occasion. Après avoir pris des milliers de photos de mes amis et de ma famille, j’ai compris que je voulais aller plus loin », se souvient-il.

 

Cet article est à retrouver dans Fisheye #38, en kiosque et disponible ici.

© Mous Lamrabat© Mous Lamrabat
© Mous Lamrabat© Mous Lamrabat
© Mous Lamrabat© Mous Lamrabat
© Mous Lamrabat© Mous Lamrabat
© Mous Lamrabat© Mous Lamrabat
© Mous Lamrabat© Mous Lamrabat

© Mous Lamrabat

Explorez
Martin Parr : des photographes de Bristol lui rendent hommage
© Fabrice Laroche
Martin Parr : des photographes de Bristol lui rendent hommage
Consciemment ou non, des photographes du monde entier travaillent sous l’influence de Martin Parr. Mais pour la communauté photographique...
16 décembre 2025   •  
Écrit par Thomas Andrei
Les images de la semaine du 8 décembre 2025 : existences et plasticité
© Magdalene Busse / Instagram
Les images de la semaine du 8 décembre 2025 : existences et plasticité
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes témoignent de la vie quotidienne et jouent avec la plasticité de leurs images. ...
14 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Julie Jones est nommée directrice de la Maison européenne de la photographie
Julie Jones © Agnès Geoffray
Julie Jones est nommée directrice de la Maison européenne de la photographie
Le conseil d’administration de la Maison européenne de la photographie vient de révéler le nom de sa nouvelle directrice : il s’agit de...
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
4 livres photo, signés Fisheye Éditions, à (s’)offrir à Noël
© Boby
4 livres photo, signés Fisheye Éditions, à (s’)offrir à Noël
Offrir un ouvrage à Noël est toujours une belle manière d’ouvrir des portes sur de nouveaux univers. À cet effet, nous avons...
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Chad Unger, feu tranquille
© Chad Unger
Chad Unger, feu tranquille
Chad Unger est l’auteur de la série au titre étrange et poétique Fire Barked At Eternity – littéralement « le feu aboya à l’éternité »....
20 décembre 2025   •  
Écrit par Milena III
4 livres à offrir à Noël : partons en vadrouille
American Album © Eloïse Labarbe-Lafon
4 livres à offrir à Noël : partons en vadrouille
Noël approche. À cette occasion, la rédaction de Fisheye vous concocte des sélections de ses livres photo préférés, que vous...
19 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sarah Bahbah : écran d’intimité
© Sarah Bahbah
Sarah Bahbah : écran d’intimité
Sarah Bahbah a imaginé Can I Come In?, un format immersif à la croisée du podcast, du film et du documentaire. Dans les six épisodes qui...
18 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les missives intimes de Julian Slagman
A Bread with a Sturdy Crust, de la série A Failed Attempt to Photograph Reality © Julian Slagman
Les missives intimes de Julian Slagman
Avec A Failed Attempt to Photograph Reality Julian Slagman compose des lettres personnelles qui mêlent des images monochromes et des...
17 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger