Mame-Diarra Niang : photographe de l’évanescence

05 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Mame-Diarra Niang : photographe de l'évanescence
© Mame-Diarra Niang
© Mame-Diarra Niang

© Mame-Diarra Niang

© Mame-Diarra Niang

Remember to Forget, à la Fondation Henri Cartier-Bresson, est la première monographie française de Mame-Diarra Niang. Dans ses séries, l’artiste met le corps noir au centre en l’émancipant de siècles de narrations occidentales. Æther , série qui clôture l’exposition, est montrée ici pour la première fois. Jusqu’au 5 janvier 2025.

Mame-Diarra Niang met le corps noir au centre de son travail en l’émancipant des constructions occidentales. L’enjeu de l’appropriation de cette narration est au cœur de tout son art. Pour autant, elle refuse la tâche de le représenter, préférant le protéger de toute exotisation possible. « Je ne cherche pas à documenter les corps noirs, ça ne m’intéresse pas et je ne suis pas légitime à l’exercice. Ce n’est pas mon sujet », explique-t-elle à Vogue France. Artiste et photographe autodidacte, son travail explore ce qu’elle nomme la « plasticité du territoire ». En 2020, pendant le Covid-19, elle a commencé à capturer des images de passant·es sur les routes rocheuses d’Afrique de l’Ouest issues de Google Map. Le résultat est une déclinaison de visuels flous et de silhouettes indéfinies et insaisissables au sein de lieux devenus inaccessibles. Elle donne vie à un no man’s land mystérieux et à une photographie évanescente. Dans l’espace Le Cube, à la Fondation Henri Cartier-Bresson, à l’occasion de Remember to Forget, plusieurs de ses projets sont exposés, dont Call me when you get thereLéthé ou Sama Guent Guii. On y découvre également Æther, la série inédite qui clôture le parcours.

Une fluidité émancipatrice

Par ses images, Mame-Diarra Niang cherche à abstraire son sujet à travers ce qu’elle considère comme des formes de non-portraits. Chacune de ces images finit par représenter, en quelque sorte, l’artiste elle-même sous la forme d’une évocation. « Qu’est-ce qui fait que je suis moi ? », se demande-t-elle. L’évanescence lui permet d’exprimer sa personnalité fluide, ne pouvant pas être résumée à une identité fixe. Les expériences, les mémoires et les oublis s’entrechoquent, donnant lieu à des évolutions permanentes. « À travers ce projet, entamé lors d’une période de long confinement, en rephotographiant des écrans, Mame-Diarra Niang joue volontiers avec ces défauts caractérisés de la photographie traditionnelle que sont le flou, les distorsions ou les halos », écrit le commissaire Clément Chéroux. Chacun·e peut se retrouver dans cette fluidité émancipatrice, laissant libre place à l’imaginaire. En tournant les défauts de la photographie traditionnelle en de nouvelles qualités, elle parvient à dévoiler l’inconscient. « Je suis ce flou », assure-t-elle.

© Mame-Diarra Niang

À lire aussi
À l’heure de l’afrocyberféminisme
À l’heure de l’afrocyberféminisme
Pour contrer le caractère occidentalo-centré de la culture numérique, de nouvelles figures féminines noires imposent un nouveau courant…
23 août 2018   •  
Écrit par Fisheye Magazine
3 questions à Verdiana Albano : dessiner les identités afro-européennes
Nothing half, nothing whole © Verdiana Albano, Institute Contemporary.
3 questions à Verdiana Albano : dessiner les identités afro-européennes
Entre territoires géographiques, structures post-coloniales, stéréotypes et perspectives, les images de Verdiana Albano dialoguent avec…
06 juillet 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
À la Fondation Henri Cartier-Bresson, Weegee critique la société du spectacle
Charlie Chaplin, Distortion, 1950 © Weegee / International Center of Photography.
À la Fondation Henri Cartier-Bresson, Weegee critique la société du spectacle
Jusqu’au 19 mai 2024, la Fondation Henri Cartier-Bresson rend hommage à l’œuvre de Weegee au travers d’Autopsie du spectacle. La…
12 février 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Explorez
Simon Vansteenwinckel remporte le prix Nadar Gens d’images 2025
© Simon Vansteenwinckel
Simon Vansteenwinckel remporte le prix Nadar Gens d’images 2025
Le nom du lauréat de la 71e édition du prix Nadar Gens d’images vient d’être annoncé : il s’agit de Simon Vansteenwinckel. Le jury l’a...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
a ppr oc he : Rencontre au cœur de l’image
© Emile Gostelie
a ppr oc he : Rencontre au cœur de l’image
Dans cet espace pensé comme une exposition, un·e photographe et un·e commissaire croisent leurs regards. Pour cette première édition...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Fisheye #74 sonde la notion d’éthique en photographie
© Stan Desjeux
Fisheye #74 sonde la notion d’éthique en photographie
Fisheye #74 sera disponible en kiosque ce samedi 8 novembre ! En ce mois consacré à la photographie, notre nouveau numéro s’intéresse à...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
© Laura Menassa
Laura Menassa : Beyrouth comme corps et paysage
Entre journal intime visuel et témoignage collectif, le travail de Laura Menassa explore la fragilité et la résilience au cœur de...
04 novembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
L’intimité au cœur de Planches Contact Festival 2025
© Carline Bourdelas / Planches Contact Festival
L’intimité au cœur de Planches Contact Festival 2025
Jusqu’au 4 janvier 2026, la 16e édition de Planches Contact Festival anime Deauville et propose une diversité de regards sur un même...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Laura Lafon Cadilhac : s'indigner sur les cendres de l'été
Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor © Laura Lafon Cadilhac
Laura Lafon Cadilhac : s’indigner sur les cendres de l’été
Publié chez Saetta Books, Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor de Laura Lafon Cadilhac révèle un été interminable. L’ouvrage se veut...
07 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Écofemmes Fest : un rendez-vous pour créer, lutter, transmettre
Trenza, le lien qui nous unit, 2025 ©Gabriela Larrea Almeida
Écofemmes Fest : un rendez-vous pour créer, lutter, transmettre
Jusqu'au 9 novembre prochain, La Caserne, dans le 10e arrondissement de Paris, accueille la première édition d’Écofemmes Fest, un...
07 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Simon Vansteenwinckel remporte le prix Nadar Gens d’images 2025
© Simon Vansteenwinckel
Simon Vansteenwinckel remporte le prix Nadar Gens d’images 2025
Le nom du lauréat de la 71e édition du prix Nadar Gens d’images vient d’être annoncé : il s’agit de Simon Vansteenwinckel. Le jury l’a...
06 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet