Du 3 septembre au 24 octobre, le Studio de la MEP accueille Home Again, de Mari Katayama. Une exposition présentant l’œuvre atypique de l’artiste, dont le handicape lui inspire des mises en scène aussi intimistes que surréalistes.
Poupée désarticulée, figure hybride aussi belle qu’insensée, membres isolés, éclairés par une lumière brute… Dans les images de Mari Katayama, le corps devient un terrain d’expérimentation, un moyen de plonger dans l’abstraction. Née avec une maladie rare, l’artiste a dû, à l’âge de neuf ans, choisir d’amputer ses jambes. Une décision qui influence profondément sa démarche créative. Car c’est à travers l’art – la photographie, mais aussi la sculpture, la peinture, la vidéo – que l’autrice parvient à s’exprimer. « Il y a des instants où la création modèle la vie, et d’autres où la vie permet de créer. Les récits et les pensées les plus personnels perdureront et grandiront tant que nous sommes en vie », souligne-t-elle.
Le beau et l’endommagé
Home again
, accrochage exposé au Studio de la Maison européenne de la photographie, s’impose comme une immersion dans un univers à part, entre mise en scène et confession intime. Si Mari Katayama ne perçoit pas son œuvre comme étant profondément personnelle – « mon corps dans mes images ressemble à celui d’un mannequin, je n’ai pas l’impression qu’il révèle quoi que ce soit de moi », confie-t-elle – ses compositions demeurent marquées par son histoire. Rassemblant des clichés réalisés depuis 2009 et sa série In the Water, produite suite à la naissance de sa fille, l’exposition fait dialoguer la singularité de son corps avec le paysage. Sur les rivages, entre coquillages et déchets, elle devient une créature hybride, composée de divers accessoires, appartenant à la fois à notre monde et à l’océan. Et, au cœur de ces mises en scène poétiques, l’artiste interroge en contrepoint notre relation au paysage, notre vision du naturel, de l’artificiel, du beau et de l’endommagé. Une quête philosophique, portée par une prouesse esthétique.
© Mari Katayama