Miroirs déformants

02 décembre 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Miroirs déformants

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. En jouant avec les collages et les miroirs, la photographe danoise Henriette Sabroe Ebbesen fait dialoguer science et art pour déconstruire les idéaux de beauté.

Artiste visuelle et étudiante en médecine, Henriette Sabroe Ebbesen, 26 ans, s’inspire des sciences pour déformer le réel. Fascinée par les lois de physique, les structures mathématiques, elle puise dans ce savoir pour mettre en lumière le surréalisme de notre quotidien. « Selon la théorie de la relativité, on pourrait plier l’espace-temps. C’est ce que j’essaie d’illustrer à travers mes créations, en pliant littéralement les rayons de lumière à l’aide de miroirs », précise-t-elle.

Corps déformés, collages absurdes, silhouettes déconstruites… Les images de l’artiste questionnent la relation entre le 8e art et la réalité. « Ce lien étroit est précieux, il permet à la photographie d’avoir un pouvoir que la peinture ne possède pas, ajoute-t-elle. J’aime expérimenter avec les déformations justement parce qu’elles ajoutent une dimension picturale à mon œuvre. » Une collection d’images étranges, créée de manière instinctive, inconsciente, en opposition à la pensée logique et concrète plébiscitée par les sciences.

© Henriette Sabroe Ebbesen

Une beauté non conventionnelle

C’est cette ambiguïté qui fascine Henriette Sabroe Ebbesen, ce combat entre la raison et la folie créative, le réel et le fantastique. Un entre-deux qui lui permet de développer, en parallèle de son esthétique unique, des thèmes plus profonds. « J’ai notamment réalisé une série inspirée par l’aliénation du corps féminin, et de l’identité sexuelle de la femme, trop souvent mise à mal par la société. La chirurgie esthétique et la manipulation génétique repoussent les limites de la beauté, de la perfection. En utilisant les miroirs pour manipuler les corps, je mets en lumière cette distanciation à la réalité », explique l’artiste. Un monde parallèle, montrant des corps difformes, amusants, libérés.

Dans les créations de la photographe, pas de triche. Chaque transformation est pensée en amont. « Je n’utilise Photoshop que pour retoucher la couleur et la luminosité », précise-t-elle. Un processus épuisant dans lequel elle se plonge sans hésiter : « Lorsque je crée, j’oublie tous mes besoins naturels. C’est un moment magique, mais drainant ». Minutieuses, les positions des glaces contre les corps divisent et rassemblent les modèles pour former des êtres à la beauté non conventionnelle. « Réaliser ce projet m’a permis de confronter mes propres insécurités en célébrant le corps féminin, et sa capacité à créer la vie – en commençant par la division de deux cellules », conclut-elle.

© Henriette Sabroe Ebbesen

© Henriette Sabroe Ebbesen© Henriette Sabroe Ebbesen

© Henriette Sabroe Ebbesen

© Henriette Sabroe Ebbesen© Henriette Sabroe Ebbesen

© Henriette Sabroe Ebbesen

© Henriette Sabroe Ebbesen

Explorez
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 coups de cœur qui expérimentent avec le médium
© Carla Lesueur
5 coups de cœur qui expérimentent avec le médium
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
14 avril 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les images de la semaine du 7 avril 2025 : souvenirs et réalités cachées
© Francesca Forquet
Les images de la semaine du 7 avril 2025 : souvenirs et réalités cachées
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye évoquent les souvenirs et les réalités cachées dans des approches...
13 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Francesca Forquet sur la piste des corgis sprinteurs
© Francesca Forquet
Francesca Forquet sur la piste des corgis sprinteurs
Imaginez une plage californienne baignant sous le soleil et ajoutez-y des centaines de corgis en effervescence, vêtus de costumes...
11 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Dans l'œil de SMITH : métamorphose des sols
Dami (Fulmen), 2024 © SMITH, Courtesy Galerie Christophe Gaillard.
Dans l’œil de SMITH : métamorphose des sols
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de SMITH, qui nous révèle les dessous de deux images issues de sa série Dami (Fulmen), réalisée lors de...
21 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
© Rosalie Kassanda
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
Nos coups de cœur de la semaine, Rosalie Kassanda et François Dareau, arpentent les rues du monde en quête de quelques étonnements et...
21 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
© Sander Coers
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
Au fil de ses projets, Sander Coers sonde la mémoire en s’intéressant notamment à l’influence que nos souvenirs exercent sur notre...
19 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet