La maison d’édition Revers consacre son troisième zine au travail de Laurence Kourcia, Origine Séfarade. Une nouvelle vision du territoire français sortie des archives.
De Belleville à Sarcelles, de mariages en Bar-mitsvah, j’ai baladé mon regard et mes interrogations. Je cherchais des gestes, des regards, des visages familiers. J’ai rencontré des riches des pauvres, des pieux et tous ceux qui confondent tradition familiale et pratique religieuse.
Une vision atypique de la France
Revers éditions annonce un nouveau numéro dédié au travail de Laurence Kourcia, intitulé Origine séfarade. Laurence Kourcia développe depuis plusieurs années une approche intimiste autour de sujets sociétaux : les communautés, les banlieues ou encore l’adolescence. « J’aime m’immerger et devenir presque invisible », confie la photographe qui aime traiter ses sujets depuis l’intérieur. Durant deux ans, elle a travaillé sur la communauté séfarade (membres de communautés juives historiques originaires de la péninsule Ibérique). Un double retour aux origines. « J’évoque l’origine au sens large du terme ainsi que la mienne. Cela est lié à ma grand-mère car avec sa disparition s’en allaient mes racines. Elle emportait avec elle le mystère d’un pays (l’Algérie) où je suis née et que je ne connais pas. Elle était la garante de toutes ces traditions, ces superstitions d’un autre âge, du lien familial. »
Elle évoque à travers Origine séfarade la question de la double appartenance, juive et arabe. « Je traite de l’ambiguïté et du déchirement entre ces deux racines. Je fais partie de la génération qui n’a pas connu l’exil, ou du moins qui ne s’en souvient pas. Je me suis souvent moquée de ce côté excessif, parfois associé aux juifs séfarades. En réalisant ce reportage, j’ai vraiment réalisé que toute cette culture démonstrative n’était pas qu’un folklore. C’est un moyen de se rattacher à leur histoire. »
Laurence Kourcia signe ici sa première publication dans un zine, et souligne l’œil affuté d’Elsa Seignol. « J’aime beaucoup la thématique de la collection. Elsa propose une vision atypique de la France, loin des clichés. Les doubles pages et le plein format des photos sont percutants, on en a plein les yeux », confie-t-elle. Elsa Seignol prouve avec ce projet de beau zine qu’un travail documentaire au long cours demeure intemporel et universel. Les zines de Revers éditions sont disponibles en ligne et en librairie à Paris, Barcelone et Los Angeles.
Signature et talk le 31 janvier 2019 chez Graine de Photographe, à partir de 18h30 – 14 quai de Béthune, 75004 Paris
Origine Séfarade, Revers éditions, 10 €
© Laurence Kourcia