« Myop a été mon école, c’est maintenant ma famille »

20 novembre 2015   •  
Écrit par Fisheye Magazine
"Myop a été mon école, c'est maintenant ma famille"
A 31 ans, Pauline Bernard est l’une des jeunes photographes du collectif Myop. Entretien. Par Hélène Rocco.

Fondée il y a 10 ans, l’agence Myop réunit des photographes auteurs qui portent sur le monde un regard posé. Pauline Bernard a intégré Myop en tant qu’assistante en 2009. Pour elle, la photo n’était pas une évidence. C’est presque le hasard qui l’a amené à exercer le métier de photographe il y a quelques années. Elle est venue nous voir à la rédaction pour évoquer ce que cela implique d’être une jeune photographe au sein d’un collectif.

FISHEYE: Tu as suivi des études de photo ?

Pauline: Pas du tout, j’ai étudié les lettres puis la philo, c’était très abstrait. Je suis partie habiter à Séville et j’ai effectué un stage de photo. Je n’en avais jamais fait et j’ai du produire un sujet sur le thème “aller vers les autres” dans un quartier populaire. J’ai réalisé une série sur les héroïnomanes, c’était très intimidant. Les photos ont été sélectionnées pour un festival de jeunes talents en Pologne et je me suis dit: “devenir photographe, pourquoi pas?”. Je suis restée en un an de plus à Séville pour faire du terrain; mon truc, c’est la photo sociale.

Ensuite tu t’es rendue au Brésil …

En Espagne, je suis devenue amie avec des brésiliens et je les ai suivis dans leur pays. Pendant deux ans, j’ai mené un projet social dans les favelas et des ateliers solidaires autour de la photo. On a fini par obtenir des subventions de l’État. Ça m’a permis de faire mes armes.

São Paulo, 2014 / © Pauline Bernard
São Paulo, 2014 / © Pauline Bernard

Qu’est-ce qui t’a poussé à intégrer un collectif ?

Je ne sortais pas d’une école, je ne connaissais personne dans le monde de la photo en France alors j’ai décidé de frapper aux portes des collectifs. Chez Myop, c’est Guillaume Binet, son co-fondateur, qui m’a ouvert. Je lui ai parlé de mon parcours et lui ai montré mes photos: on s’est bien entendus. Il m’a proposé de devenir son assistante. Pendant trois ans, Myop a été mon école. J’ai appris à construire une narration, à éditer mes photos… J’étais fascinée de découvrir le milieu de la photo sous toutes ses facettes.

Qu’est-ce que Myop t’apporte dans ton travail?

J’ai appris à former mon regard. Aujourd’hui, Myop est ma famille. Je suis capable de reconnaitre la patte de chacun des membres. C’est une vraie ruche: les 15 photographes sont tous différents et proposent tous une approche différente de la photo. C’est très intéressant de voir comment chacun vit son métier.

São Paulo, 2014 / © Pauline Bernard
São Paulo, 2014 / © Pauline Bernard

Chez Myop, tu es “photographe diffusée”: qu’est-ce que cela signifie ?

Contrairement aux photographes membres, je n’ai pas un pouvoir de décision sur la structure. Mon travail est simplement diffusé. Myop n’a pas les yeux plus gros que le ventre et ne cherche pas à avoir toujours plus de photographes membres. Ce qui compte c’est la qualité. Nous sommes donc quatre photographes diffusés et je suis la seule à travailler en France.

Penses-tu qu’il y a une différence entre ta manière de travailler et celle des photographes des générations précédentes ?

L’écriture n’est pas une question de génération. Une école m’aurait formaté, moi je viens du moule Myop. Avec des bouts de ficelle, cette petite structure fait un travail d’orfèvre. Il y a une vraie stimulation et de nombreux échanges au sein de l’agence. J’admire tous ces très bons photographes. Ils ont beaucoup d’humour et sont de très bon conseil.

São Paulo, 2014 / © Pauline Bernard
São Paulo, 2014 / © Pauline Bernard

Quels sont tes projets en cours ?

Au Brésil, j’avais mené un projet d’éducation populaire alors j’ai décidé de continuer en France. J’organise des ateliers photos: c’est important dans ce métier de produire et transmettre. Et je continue à faire de la photo sociale. L’humain est au coeur de mon approche photographique et je me nourris des histoires que me racontent les photographes de Myop pour évoluer constamment.

São Paulo. 2014.São Paulo. 2014.São Paulo. 2014.São Paulo. 2014.São Paulo. 2014.São Paulo. 2014.São Paulo. 2014.

Propos recueillis par Hélène Rocco

En (sa)voir plus

→ Le site du collectif Myop

→ Fisheye #14 et son dossier sur les collectifs est toujours en vente ICI.

 

Explorez
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
5 coups de cœur qui expérimentent avec le médium
© Carla Lesueur
5 coups de cœur qui expérimentent avec le médium
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
14 avril 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les images de la semaine du 7 avril 2025 : souvenirs et réalités cachées
© Francesca Forquet
Les images de la semaine du 7 avril 2025 : souvenirs et réalités cachées
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye évoquent les souvenirs et les réalités cachées dans des approches...
13 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Francesca Forquet sur la piste des corgis sprinteurs
© Francesca Forquet
Francesca Forquet sur la piste des corgis sprinteurs
Imaginez une plage californienne baignant sous le soleil et ajoutez-y des centaines de corgis en effervescence, vêtus de costumes...
11 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
© Sander Coers
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
Au fil de ses projets, Sander Coers sonde la mémoire en s’intéressant notamment à l’influence que nos souvenirs exercent sur notre...
19 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
12 expositions photographiques à découvrir en avril 2025
© Delali Ayivi
12 expositions photographiques à découvrir en avril 2025
L’arrivée du printemps fait également fleurir de nombreuses expositions. Pour occuper les journées qui s’allongent ou les week-ends...
18 avril 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
À la sortie de l'école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
Le musée Guimet des Arts asiatiques et l’association Les Amis de Marc Riboud s’unissent pour présenter l’exposition Marc Riboud –...
18 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger