Myop in Arles 2018

04 juillet 2018   •  
Écrit par Eric Karsenty
Myop in Arles 2018

Pas moins de 19 expositions vous attendent dans les 1 000 mètres carrés d’une ancienne école située en haut de la rue du Cloitre, juste derrière le Théâtre Antique, à Arles. Une plongée dans les univers des photographes de l’agence Myop, qui démontre une nouvelle fois sa formidable énergie et le talent de ses auteurs. Un événement à ne pas rater !

Le pari était un peu fou. Complètement fou même : installer 19 expositions dans une ancienne école arlésienne à rénover en tout juste une semaine. La bande des photographes de Myop nous avait déjà habitués à de jolis défis, comme en 2014 où ils avaient investi un hôtel particulier de la rue Calade (aujourd’hui transformé en Fondation Manuel Rivera Ortiz qui accueille l’exposition Hope dont on vous parlera prochainement), mais là ils ont encore relevé le niveau. Et pas seulement parce qu’il y a plus de photographes et d’images présentées, mais aussi parce les écritures ont gagné en maturité et en exigence.

Scénographie très aboutie

La diversité des approches de cette exposition est à l’image du monde de la photographie. On y trouve des écritures relativement « classiques », comme celle d’Alain Keler qui présente Motel Paradisio, une traversée de l’ex-Yougoslavie en noir et blanc avec des cadrages aussi rigoureux que poétiques, ou celle de Marie Dorigny, journaliste et militante de toujours, qui avec Main basse sur la terre dénonce l’investissement massif des fonds de pension sur les terres arables de la planète dans une scénographie très aboutie. Des approches plus contemplatives comme celle de Julien Daniel qui explore Le Bois sauvage, une ancienne carrière d’Ile-de-France laissée à l’abandon durant cinquante ans et où la nature a repris ses droits ; nature encore avec Guillaume Binet parti en Pologne arpenter la forêt primaire de Bialowieza. Les textes s’invitent eux aussi en contrepoint des tirages, comme pour Jeremy Saint-Peyre qui propose ses cut up en regard de ses images retravaillées en chambre noire, ou encore Jean Larive qui présente 16 portraits écrits « coréalisés avec les sujets photographiés dans la jungle de Calais ».

© Jérémy Saint-Peyre / Myop

© Jérémy Saint-Peyre / Myop

Palette des écritures

Ed Alcock a choisi l’esthétique du collage pour nous conter son Brexit dans une scénographie là encore très réussie, et les démarches plastiques de Stéphane Lagoutte et Agnès Dherbeys – le premier en redessinant au crayon des personnages tirés de ses images et la seconde en nous proposant un Paris méconnaissable après un travail de postproduction – enrichissent elles aussi la palette des écritures. Dans une conception plus straight de la photo, on notera les très belles images de Pierre Hybre qui avec son Nordland apporte un peu de fraîcheur dans la canicule arlésienne, tout comme les portraits en pied de Françaises musulmanes sur les plages du sud de la France, signés France Keyser. Sur une autre plage – celle des Catalans, à Marseille – Olivier Monge croque les baigneurs à la chambre 20×25, et Oan Kim nous entraîne à la découverte de Séoul en panoramique couleur avec une installation, elle aussi haute en couleur. Dans un noir et blanc plus expressionniste, Julien Pebrel nous propose une vision de la Georgie avec des images « mystérieuses, furtives et sombres », Ulrich Lebeuf retravaille un album de famille imaginaire pour nous parler de ses origines napolitaines avec beaucoup d’émotion et, à Naples, Olivier Laban-Mattei nous plonge dans le quotidien d’une famille sans le sou en nous montrant La dura vita.

Enfin, on ne peut oublier le travail d’Olivier Jobard sur les migrants qui avec Enter the Shadow nous propose une installation multimédia « qui plonge le spectateur dans cette nuit migratoire sur la route des Balkans ». Les migrants qui sont aussi le sujet d’une dernière exposition chorale avec MSF dans laquelle tous les photographes de Myop ayant travaillé sur le sujet durant ces vingt dernières années présentent une petite sélection d’images constituant une fresque émouvante.

© Ed Alcock / Myop

© Ed Alcock / Myop

© Agnès Dherbeys / Myop

© Agnès Dherbeys / Myop

© Pierre Hybre / Myop

© Pierre Hybre / Myop

© Olivier Jobard / Myop

© Olivier Jobard / Myop

© Olivier Monge / Myop

© Olivier Monge / Myop

© Julien Pebrel / Myop

© Julien Pebrel / Myop

© Olivier Laban-Mattei / Myop

© Olivier Laban-Mattei / Myop

© Alain Keler / Myop

© Alain Keler / Myop

© Jean Larive / Myop© Ulrich Lebeuf / Myop

© À g. Jean Larive et à d.Ulrich Lebeuf / Myop

Image d’ouverture © Alain Keler / Myop

Jusqu’au 8 juillet

Myop in Arles 2018

5, rue du Cloitre

Arles

Explorez
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
© Laura Barth / Instagram
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine explorent la matérialité de la photographie. Du papier aux émulsions, en passant...
02 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ? © Stan Desjeux
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
01 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fury, l'univers « crépusculaire » de Marie Quéau
Sans titre #90, Campus Univers Cascades, 2023, extrait de la série Fury, Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris © Marie Quéau / ADAGP, Paris, 2025
Fury, l’univers « crépusculaire » de Marie Quéau
Jusqu’au 8 février 2026, Marie Quéau, cinquième lauréate du prix Le Bal/ADAGP de la Jeune Création, présente Fury. Dans cette exposition...
29 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Éternel été, mémoire et masculinité : nos coups de cœur photo de novembre 2025
Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor © Laura Lafon
Éternel été, mémoire et masculinité : nos coups de cœur photo de novembre 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
28 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
© Carla Rossi
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
Dans son ouvrage Bellissima, publié par Art Paper Editions, Carla Rossi explore les désirs, les façades et les codes qui façonnent la...
03 décembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
© Laura Barth / Instagram
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine explorent la matérialité de la photographie. Du papier aux émulsions, en passant...
02 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ? © Stan Desjeux
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
01 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #567 : Himanshu Vats et Grant Harder
© Grant Harder
Les coups de cœur #567 : Himanshu Vats et Grant Harder
Himanshu Vats et Grant Harder, nos coups de cœur de la semaine, explorent la nature, et les liens qu’elle entretient avec les humains. Le...
01 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger