Nicéphore +, regards croisés sur les migrations

25 octobre 2018   •  
Écrit par Anaïs Viand
Nicéphore +, regards croisés sur les migrations

Clermont-Ferrand accueille jusqu’au 27 octobre la 14ème biennale photo Nicéphore +. Pour cette nouvelle édition, l’association Sténopé propose treize travaux autour du thème de la migration. Un évènement à découvrir jusqu’à samedi !

Nicéphore + ? Une première pour Fisheye. Et pourtant le festival bisannuel clermontois présente cette année sa 14ème édition autour du thème « Migrations ». À l’origine de ce projet, l’association Sténopé ou plutôt un groupe de passionnés par l’image, professionnels ou amateurs, tous convaincus que la culture et notamment la photographie doit s’étendre au-delà des portes de la capitale.

Nicéphore + propose différents regards autour d’un seul et même thème. « Il existe déjà un festival dédié au reportage, un autre est consacré aux questions environnementales. Nous souhaitions proposer quelque chose de différent », explique Patrick Ehme, le directeur artistique de la biennale. Un concept brillant et quasiment unique. Si l’on connaît déjà quelques travaux parmi les treize exposés, la réunion d’approches et esthétiques éclectiques apporte un éclairage intelligent. « De tout temps, mu par sa curiosité, poussé par des exodes, porté par ses désirs de conquêtes, l’homme n’a cessé de migrer », annonce Patrick. Politiques, économiques, environnementales ou encore personnelles, « Migrations » recouvre une notion atemporelle et multiple.

Migrations artistiques

Au coeur de l’Hôtel Fontfreyde, des photographes de l’agence AFP documentent la crise migratoire européenne et rendent visible l’invisible. De poignantes images témoignent du rêve européen. Départ, traversée, arrivée ou retrouvailles, à chaque temps fort, une image poignante. Plus loin, un espace est consacré à Stéphane Duroy et sa vision désenchantée du « rêve américain ». Il démystifie l’image de l’Amérique et la pratique du 8art à travers son projet Unknown, un ouvrage devenu exposition pour l’occasion. Un travail plastique qui brouille les pistes entre les disciplines. Photographie, collage, peinture… Ce dernier présente ses migrations artistiques. Changement de décor avec les migrations quotidiennes enregistrées par Alejandro Cartagena.

Ce photographe mexicain propose avec ses Carpoollers une réflexion sur les conditions de travail de nombreux Mexicains et sur leur visibilité dans une société en crise. Chaque jour, des milliers de migrants prennent la route, en quête d’un avenir meilleur. À ces migrations forcées sont confrontées Les grandes vacances de Robert Doisneau. 1936 marque les premiers congés payés, et les premiers départs en vacances. Un exode bienheureux qui nous fait remonter le temps, entre maillots de bain d’époque et paysages marins. La mer est également l’un des éléments clefs des deux œuvres de Bruno Boudjelal. Car à travers ses Paysages du départ et ses Harragas, ce photographe algérien ne cesse de questionner ses origines et les contours de la mémoire de ces hommes qui quittent les rives du Maghreb.

© Bruno Boudgelal

Multiplier les approches et les regards.

Dans la chapelle de l’ancien hôpital général, le visiteur pourra découvrir trois travaux singuliers. Philippe Domergue et Eric Forcada proposent de redécouvrir la Retirada, soit l’exode des réfugiés espagnols durant la guerre civile. Un déplacement forcé qui touche près de 500 000 personnes. Le premier propose des photographies augmentées – structures de bois à taille humaine sur lesquelles sont collées des photographies- tandis que le second a rassemblé des photographies d’archives.

« Il y a aussi des migrations qui risquent d’être un jour les nôtres si l’on n’y prend pas garde », ajoute Patrick au sujet de Salt water tsars, un projet présenté au Centre Camille-Claudel. Son auteur, Munem Wasif, a photographié les ravages des changements climatiques au Benlagdesh, un « territoire qui n’est plus capable de faire vivre ses populations ». Quelques pas plus loin, le visiteur pourra découvrir la bande dessinée La fissure, conçue par Carlos Spottorno et Guillermo Abril. N’oublions pas les Mers intérieures d’Aglaé Bory qui mettent en scène des personnages de dos. Immobiles, ces voyageurs attendent le départ. Enfin Hervé Struck questionne le territoire vidés de toute humanité. Il présente des lieux de transition qu’il nomme tiers-espace.

Une très belle édition qui multiplient les approches et les regards.

© Carlos Spottorno et Guillermo Abril© Alejandro Cartagena

© Aris Messinis / AFP© Hervé Struck.

© Philippe Domergue© Philippe Domergue, œuvre réalisée à partir de photos de Manuel Moros

Image d’ouverture © Aglaé Bory

Explorez
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
© Sarah van Rij
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
Jusqu’au 25 janvier 2026, Sarah van Rij investit le Studio de la Maison européenne de la photographie et présente Atlas of Echoes....
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
© Guénaëlle de Carbonnières
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
À la suite d’une résidence aux Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières a imaginé Dans le creux des images. Présentée jusqu’au...
11 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #568 : Bastien Bilheux et Thao-Ly
© Bastien Bilheux
Les coups de cœur #568 : Bastien Bilheux et Thao-Ly
Bastien Bilheux et Thao-Ly, nos coups de cœur de la semaine, vous plongent dans deux récits différents qui ont en commun un aspect...
08 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dörte Eißfeldt, lauréate du prix Viviane Esders 2025
© Dörte Eißfeldt
Dörte Eißfeldt, lauréate du prix Viviane Esders 2025
Dörte Eißfeldt reçoit le prix Viviane Esders 2025 pour une œuvre qui repousse les frontières du médium, alliant rigueur conceptuelle et...
06 décembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 8 décembre 2025 : existences et plasticité
© Magdalene Busse / Instagram
Les images de la semaine du 8 décembre 2025 : existences et plasticité
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes témoignent de la vie quotidienne et jouent avec la plasticité de leurs images. ...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Grégoire Beraud et les terres colorées de l'Amazonie
Kipatsi © Grégoire Beraud
Grégoire Beraud et les terres colorées de l’Amazonie
Dans sa série Kípatsi, réalisée dans l’Amazonie péruvienne, Grégoire Beraud met en lumière la communauté Matsigenka, sa relation à la...
13 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
© Sarah van Rij
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
Jusqu’au 25 janvier 2026, Sarah van Rij investit le Studio de la Maison européenne de la photographie et présente Atlas of Echoes....
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Julie Jones est nommée directrice de la Maison européenne de la photographie
Julie Jones © Agnès Geoffray
Julie Jones est nommée directrice de la Maison européenne de la photographie
Le conseil d’administration de la Maison européenne de la photographie vient de révéler le nom de sa nouvelle directrice : il s’agit de...
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet