Nils Udo sublime la nature

16 avril 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nils Udo sublime la nature

Le Centre d’art contemporain de la Matmut accueille, jusqu’au 30 juin 2019, une exposition dédiée au travail de Nils Udo, peintre et photographe allemand. Une œuvre singulière, nourrie par la nature.

Donner accès à l’art au plus grand nombre, tel est l’objectif du Centre d’art contemporain de la Matmut. Ce lieu culturel, situé dans un magnifique château, accueille, chaque année quatre expositions. Pour célébrer l’arrivée du printemps, le Centre a invité l’artiste Nils Udo. Un choix judicieux, puisque le peintre-photographe construit son œuvre autour de la nature. « Elle est au cœur de ma vie. Lorsque je suis dans la nature, une certaine expérience peut me mener à la réalisation d’une œuvre ; sur place, ou dans mon atelier », précise le photographe, venu de Bavière.

D’abord peintre, Nils Udo a abandonné les tableaux pour se consacrer à la création d’œuvres imposantes dans l’environnement. Des constructions poétiques et justes, en harmonie avec le territoire. « J’arrive toujours sans la moindre idée préconçue : mon travail consiste à réagir », ajoute l’artiste, qui utilise les matériaux présents dans le territoire pour réaliser des œuvres « sauvages ». Des années plus tard, il retrouve le plaisir de peindre, et développe une esthétique complexe et variée : entre photographies surréalistes, et peintures teintées d’émotion. L’exposition met en parallèle ces deux pans de sa créativité. Tableaux et clichés en grand format se répondent, et proposent une immersion fascinante dans l’univers de Nils Udo. Si les photographies capturent la beauté de ses installations naturelles, ses tableaux se teintent d’onirisme, et proposent une vision plus fantaisiste du territoire. Un ensemble évoquant le mouvement impressionniste et invitant le regardeur à se distancer du réel.

© Nils Udo

La Couvée

Démarrer un récit

Nils Udo est avant tout un conteur d’histoires. Qu’il peigne ou photographie, l’artiste souhaite susciter l’émotion, démarrer un récit. Chaque installation devient une mise en scène, capturée seulement lorsqu’elle atteint la perfection. Avec passion, l’auteur se plonge dans ses souvenirs, et relate quelques anecdotes stupéfiantes : « réaliser l’image intitulée La Couvée était un exercice difficile, se remémore-t-il. Chaque œuf de marbre mesure deux mètres de haut et pèse 4,2 tonnes. Il m’a fallu prendre l’hélicoptère non militaire le plus lourd d’Europe pour les déplacer ! J’ai déposé ces œufs sur des graviers de marbre, la forêt représentant le nid. » Une création mêlant humour et noblesse.

Lors d’une balade en forêt, Nilds Udo tombe, par hasard, sur sa prochaine œuvre, en découvrant les ruines d’un bunker datant de la Première Guerre mondiale. « Je ne pouvais fermer les yeux devant ce terrible décor, il m’a fallu réagir, raconte-t-il. Je l’ai couvert de mousse, et j’ai fais pousser des fougères tout autour. J’ai même suspendu des fleurs rouges à l’entrée, rappelant la couleur du sang. C’était, en quelque sorte, mon hommage aux morts de cette guerre ridicule. » En résulte une oeuvre chargée d’émotion.

Dans la mer du Nord, en Allemagne, l’artiste a érigé sa Maison d’Eau. « Elle est composée de troncs d’épicéa de dix mètres de haut et de branches de bouleau attachées avec de l’osier, explique-t-il. Au fur et à mesure qu’elle avance, la marée couvre toute l’installation, noyant cette maison dans la mer. Un îlot est construit au milieu, et les visiteurs peuvent rester dessus afin d’observer le flux et le reflux – une expérience de six heures. » Au fil des histoires et des souvenirs, le visiteur pénètre dans un univers particulier.  Une immersion dans un travail élégant, influencé par la nature, et pensé en harmonie avec l’environnement. Une œuvre fascinante et profondément respectueuse.

 

Nils Udo

Jusqu’au 30 juin 2019

Centre d’art contemporain de la Matmut

425 rue du Château, 76480 Saint-Pierre-de-Varengeville

© Nils Udo© Nils Udo
© Nils Udo© Nils Udo

© Nils Udo

Maison d’eau

© Nils Udo

Explorez
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Année de la mer : 16 séries photographiques qui vous immergent au cœur du monde marin
© Stephanie O'Connor
Année de la mer : 16 séries photographiques qui vous immergent au cœur du monde marin
En 2025, la France célèbre la mer dans l’objectif de sensibiliser les populations aux enjeux qui découlent de ces territoires. À...
19 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Pierre Rahier capture sa vallée et sa famille dans un mutisme tendre
© Pierre Rahier. Le silence de la vallée
Pierre Rahier capture sa vallée et sa famille dans un mutisme tendre
Depuis près de dix ans, à travers sa série Le Silence de la vallée, Pierre Rahier documente son environnement familial dans une vallée...
18 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Jeu de Paume : Paysages mouvants, terrain de nos récits personnels et collectifs
The Scylla/Charybdis Temporal Rift Paradox 2025. Installation : soieries, bras robotisé, vidéo, lumières leds et Uvs (détail). © Mounir Ayache
Jeu de Paume : Paysages mouvants, terrain de nos récits personnels et collectifs
Jusqu’au 23 mars 2025, le Jeu de Paume accueille la deuxième édition de son festival dédié aux images contemporaines : Paysages mouvants....
11 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 17.02.25 au 23.02.25 : sonder la société
© Aletheia Casey
Les images de la semaine du 17.02.25 au 23.02.25 : sonder la société
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye sondent la société par l’entremise de mises en scène, de travaux...
Il y a 1 heure   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
22 février 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger