Partenaire particulier cherche partenaire particulière

31 janvier 2020   •  
Écrit par Anaïs Viand
Partenaire particulier cherche partenaire particulière

Durant 8 ans, Katrine Estrup, une photographe de 27 ans installée à Copenhague, a documenté la vie conjugale de Robert et Sussi, sa brebis. Relationsheep, c’est l’histoire d’un homme bon, et de sa douce fiancée.

« J’essaie de retranscrire une histoire spéciale, mais gorgée d’amour. L’amour de Robert pour Sussi, sa brebis », annonce Katrine Estrup, 27 ans. Cette jeune femme danoise étudie la communication et la photographie au sein d’une école de journalisme, au Danemark. Si elle se spécialise dans la photographie de mode et de portrait, elle aime toujours partager des récits. En témoigne son projet Relationsheep amorcé il y a presque dix ans. Direction le nord du Jutland, un territoire reculé situé au Danemark. C’est ici, loin de la civilisation, que se trouve la ferme de Robert. Son seul compagnon ? Sussi. La plus vieille brebis du Danemark à 26 ans – un record ! « Elle n’était pas seulement son animal de compagnie, elle était aussi et surtout son plus grand amour et la compagne de toute sa vie. Je parle au passé, car Sussi est décédée avant que Roberts ne puisse se marier avec elle – son  rêve », précise l’artiste qui avait prévu d’immortaliser leur union.

Comme les hommes amoureux des brebis ne courent pas les rues, Katrine Estrup est revenue sur leur rencontre: « Je vivais moi aussi dans le nord du Jutland, dans un petit village, et dans le cadre d’un article, je me suis rendue en ville, avec mon boîtier. J’y ai rencontré Robert. Il m’a invité chez lui pour voir ses animaux et me conter son récit. Il sait tellement bien raconter les histoires que j’ai continué à lui rendre visite, comme on peut aller voir son grand-père. Et ce, pendant huit ans. J’y ai découvert un homme gentil et avec un grand cœur ».

© Katrine Estrup

Un homme bon

Elle a aussi découvert une relation intime inhabituelle. Car Robert et Sussi étaient reliés l’un à l’autre. « En écoutant la voix de Robert, Sussi parvenait à savoir ce qu’il ressentait. Parfois, elle pouvait devenir agressive, et Robert parvenait à la calmer et à la rendre à nouveau heureuse » – avec du réglisse notamment. Un jour d’été, alors en visite chez le couple, Katrine Estrup assiste à un tendre moment. « Nous parlions de l’enfance de Robert. Il se remémorait à quel point son père était strict avec lui. Et en revivant ses instants où il ne se sentait pas accepté, il a pleuré. Tellement qu’il a saigné du nez. À cet instant, Sussi est venue et a posé sa tête sur la cuisse de son compagnon meurtri. Un moment symbolique », se souvient la photographe qui ne possède pas d’animal de compagnie.

« J’entretiens tout de même une bonne relation avec eux. Je pense qu’ils sont un cadeau pour l’être humain. Ce sont des amis idéal à aimer, et à soigner pour qui a des difficultés à s’ouvrir aux autres », précise-t-elle. Cette dernière a veillé, durant toute la durée du projet, à révéler Robert tel qu’il est : un homme bon. Mais un homme détruit suite au décès de sa chère et tendre. Car il y a un an, en se rendant chez lui, elle a découvert qu’il avait déserté et qu’un sans-abri avait emménagé. « Je n’ai pas parlé avec lui depuis, mais je vais essayer de le retrouver cet été », ajoute la photographe. « En réaction à mes images, nombreux sont ceux qui le voyaient comme un monstre, et puis en partageant son récit, ces derniers comprenaient. Nous avons tous un passé qui a contribué à qui nous sommes aujourd’hui. Certaines personnes sont particulièrement spéciales, mais méritent, comme les autres, d’être écoutées et regardées – et nous oublions bien souvent de le faire ». « Ce n’est pas toujours l’habit qui fait l’homme ». On ne peut démentir les propos de Georges Sand (Flaminio, Théâtre (1854)) après avoir été émergé dans le travail de Katrine Estrup. Un projet résolument sociologique qui démontre que l’amour se joue du convenu.

© Katrine Estrup

© Katrine Estrup © Katrine Estrup

© Katrine Estrup

© Katrine Estrup© Katrine Estrup

© Katrine Estrup

© Katrine Estrup© Katrine Estrup

© Katrine Estrup© Katrine Estrup© Katrine Estrup

© Katrine Estrup

Explorez
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
© Mirko Ostuni, Onde Sommerse.
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
Dans Onde Sommerse, Mirko Ostuni dresse le portrait de sa propre génération se mouvant au cœur des Pouilles. Cette jeunesse tendre et...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
© Maurine Tric
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
Pour certain·es artistes, la photographie a un pouvoir cathartique ou une fonction guérisseuse. Iels s'en emparent pour panser les plaies...
19 décembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #523 : Claudia Revidat et Sarah Carrier
© Claudia Revidat
Les coups de cœur #523 : Claudia Revidat et Sarah Carrier
Les sujets de Claudia Revidat et Sarah Carrier, nos coups de cœur de la semaine, se révèlent dans des teintes chaudes. La première...
16 décembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nicolas Serve : en cure et à cri
© Nicolas Serve
Nicolas Serve : en cure et à cri
Dans Les Abîmés, Nicolas Serve poursuit son travail sur la dépendance à certaines substances. Ici, il raconte la cure de désintoxication...
12 décembre 2024   •  
Écrit par Gwénaëlle Fliti
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 16.12.24 au 22.12.24 : une multitude de dialogues
© Rebecca Najdowski
Les images de la semaine du 16.12.24 au 22.12.24 : une multitude de dialogues
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye dévoilent une multitude de dialogues initiés par la photographie.
22 décembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
The Color of Money and Trees: portraits de l'Amérique désaxée
©Tony Dočekal. Chad on Skid Row
The Color of Money and Trees: portraits de l’Amérique désaxée
Livre magistral de Tony Dočekal, The Color of Money and Trees aborde les marginalités américaines. Entre le Minnesota et la Californie...
21 décembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
© Prune Phi
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
Du 7 février au 23 mars 2025, le Jeu de Paume accueille le festival Paysages mouvants, un temps de réflexion et de découverte dédié à la...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
© Mirko Ostuni, Onde Sommerse.
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
Dans Onde Sommerse, Mirko Ostuni dresse le portrait de sa propre génération se mouvant au cœur des Pouilles. Cette jeunesse tendre et...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger