Fisheye continue à vous donner la parole après le confinement. Chaque semaine, découvrez des photos et son auteur(e). C’est à Marseille que nous emporte l’artiste militant Léo Derivot.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis un jeune photographe devenu Marseillais quelques jours avant le confinement. Je tente, dans l’ensemble de mes travaux, de montrer ce qui m’interpelle dans la société contemporaine et de questionner notre rôle individuel et collectif. Je désire utiliser la photographie comme espace de décélération, de réflexion et de questionnement sur les relations et les actions humaines.
Comment as-tu vécu ton confinement ?
Mon confinement s’est relativement bien passé. Comme beaucoup d’entre nous, un bon nombre de mes projets sont tombés à l’eau, mais il faut rester positif. Rester confiné n’a fait que renforcer le sédentarisme dont j’ai horreur. Il m’est difficile de faire la différence entre le professionnel et l’intime lorsque je suis contraint de rester chez moi. J’ai donc tenté de gérer le temps.
Qu’as-tu appris sur ta pratique photo en cette étrange période ?
Ce temps de décélération m’a permis de prendre du recul, sur mon travail, sur ma vie et a changé mon rythme de création et de relecture de mes images. De plus il m’a offert le temps de penser l’importance de l’écriture militante, artistique, poétique à adopter pour présenter mon travail.
Si tu devais être confiné avec un ou une photographe, qui serait l’heureux.se élu.e ?
Bien qu’il nous ait nous quitté durant cette période difficile je pense que Gilbert Garcin aurait été un agréable collègue de confinement. Sa créativité, sa poésie, son humour et surtout sa modestie… On aurait sûrement pu faire un binôme intéressant !
Quel est ton mantra favori, histoire de rester optimiste ?
« Ne sacrifiez point le bien présent au bien à venir ; jouissez du moment, évitez toute association de mariage ou d’intérêt qui ne contenterait pas vos passions dès l’instant même. » Charles Fourier, Théorie des quatre mouvements, 1841
Un dernier mot ?
J’espère que malgré l’enfermement physique que nous avons subi nous deviendrons pour certains, et resterons pour les autres, curieux et ouverts à la découverte de l’inconnu sans a priori. Dé-con-finons nous, mais surtout voyageons dans des réalités multiples et prenons le temps et la conscience de l’importance d’autrui. Le monde se précipite, calmons-le, calmons-nous, respirons et reconnectons-nous à notre corps ainsi qu’à notre intériorité afin d’être prêts à créer ensemble le monde de demain. Les questions sont multiples, mais l’espoir me semble être notre meilleur outil afin de poursuivre nos utopies qui ne sauraient rester emprisonnées, confinées dans ce monde préfabriqué par le désir néo-libéral de pouvoir et de rentabilité. Qu’adviendra-t-il de nous, qu’adviendra-t-il d’eux tous ? Libre à chacun d’être maître de sa réponse.
© Léo Derivot