Jusqu’au 23 novembre se tient la 13e édition de PhotoSaintGermain. Tout au long de l’évènement, le quartier parisien célèbre la photographie au travers d’expositions autour de thématiques disparates. Si vous souhaitez prendre une pause contemplative, Fisheye a relevé deux galeries et une librairie où découvrir des œuvres poétiques.
Christine Crozat et Bertrand Hugues à la Galerie Éric Mouchet
À la Galerie Éric Mouchet, Christine Crozat et Bertrand Hugues rendent hommage à Jeanne Barret à travers Solanum Baretiae, qui fait référence à l’appellation latine d’une fleur. En embarquant, travestie en homme, sur le navire Étoile en 1757, cette botaniste est devenue la première femme à faire le tour du monde. Au fil du voyage, elle a répertorié et esquissé les contours d’espèces végétales et animales encore inconnues en Europe. Les deux artistes ont alors composé un herbier spéculatif où les noms des plantes ont été effacés, tout comme leurs caractéristiques. Ces empreintes, presque fantomatiques, témoignent ainsi d’une certaine fragilité et nous invitent, en contrepoint, à imaginer la vie de cette aventurière que l’histoire a, semble-t-il, oubliée. Délicates, les photographies prennent finalement la forme d’artefacts ou d’archives de fiction qui explorent la transformation du vivant, ses manifestations comme ses disparitions.
Marilia Destot à la Galerie Ségolène Brossette
À l’occasion de la Saison de la Lituanie en France, la Galerie Ségolène Brossette accueille The Journey – Le voyage aux origines de Marilia Destot. Bien nommée, la série s’apparente à un long cheminement dans les méandres de la mémoire, celle qui fait défaut par manque d’archives et de témoignages. De fait, fascinée par sa diaspora familiale, l’artiste est partie sur la trace de ses origines juives lituaniennes. Pour ce faire, elle s’est rendue sur la terre de ses ancêtres afin de découvrir leur histoire et, plus largement, celles des Litvaks qui ont subi l’exil et la Shoah. Par l’entremise d’explorations plastiques où s’entremêlent notamment des portraits-collages et des paysages percés à l’aiguille, elle déploie un récit personnel marqué par l’absence. En résulte un album de famille imaginaire, traversé par la présence d’êtres disparus que l’art parvient à convoquer. Par cette entreprise poétique, Marilia Destot se réapproprie ainsi des souvenirs qui s’étiolent, leur donne un nouveau souffle et souligne l’importance de la transmission.
Jacques Pugin à la Librairie des Alpes
C’est tout naturellement à la Librairie des Alpes que Jacques Pugin dévoile La Montagne assiégée. En associant photographie documentaire et peinture abstraite, l’artiste cherche à « rétablir un équilibre visuel et émotionnel entre les montagnes et l’intervention humaine ». Sur chacune des images, les ajouts au pinceau permettent de recouvrir ou de souligner les conséquences de nos activités sur les cimes enneigées, de sublimer ces dernières comme de dissimuler ce que nous ne saurions voir. Une tension se profile et éveille notre curiosité quant à ce qui se cache derrière ces soupçons de couleurs allant du rose au violet en passant par le jaune, le vert ou le bleu. À l’instar du tirage en lui-même, le paysage s’oublie alors sous un matériau texturé, que nous aimerions pouvoir toucher pour mieux en appréhender les reliefs, ou sous une couche de questionnements en suspens.