Polaraki : une collection de polaroids d’Araki sort d’un appartement parisien

Il y a 2 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Polaraki : une collection de polaroids d'Araki sort d'un appartement parisien
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
Diptyque d'une femme en kimono et d'une fleur
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler

Jusqu’au 12 janvier 2026, le musée des arts asiatiques – Guimet accueille une collection foisonnant de polaroids, issue de l’œuvre du photographe japonais Nobuyoshi Araki. Fruit d’une donation de Stéphane André à l’institut parisien, cette exposition du nom de Polaraki, dévoile autant l’univers expérimental de l’artiste que la réappropriation de son travail par le collectionneur.

Stéphane André n’est pas un collectionneur comme les autres. Pendant près de vingt-cinq ans, il a accumulé, sur les murs de son appartement parisien, une collection prolifique de polaroids signés Araki, photographe japonais connu pour son obsession pour les fleurs, le sexe et la mort. En mai 2025, il fait le don de pas loin de mille photographies au musée Guimet, qui les révèle aujourd’hui au public dans l’exposition Polaraki, visible jusqu’au 12 janvier 2026. « “Polaraki” est un mot-valise, précise le collectionneur. C’est l’essence même du désir de joindre le commencement et la fin, fil rouge de cette exposition. » Présentés dans la rotonde de l’institut, à l’image de l’appartement de Stéphane André, les polaroids d’Araki entraînent les spectateur·ices (de plus de 18 ans) dans des pérégrinations pointilleuses. On s’accroupit, on s’approche, on s’éloigne, on plisse les yeux à la vue de quelques clichés à caractère sexuel, on s’émerveille devant des œufs et des poissons, on s’interroge sur les interprétations des fleurs. « Le polaroid est une image qui tient dans la main, elle reflète la réalité du monde tel qui s’offre à nous. C’est quelque chose de magique. Il y a une véritable consistance émotive au travail d’Araki », confie Stéphane André.

Polaroid de fleurs roses
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
un tournesol
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
fleur
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
drôle de lézard sur une fleur rouge
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler

Recomposer une œuvre

Les images disposées dans des cadres blancs se déploient seules, en diptyques ou en triptyques. Si la moitié des compositions est l’œuvre directe d’Araki, l’autre moitié a été réalisée par les soins de Stéphane André. « L’objet du polaroid permet de créer des associations, remarque le donateur. Araki, quand il rentrait de sa journée, les dispersait sur le lit et les mettait en rapport. Il y a une teneur poétique liée au rapprochement, un rythme, une rime, un leitmotiv, un flux métaphorique dans le regroupement de ces photos. » Un flux que s’approprie le collectionneur qui, dans l’exposition, fait particulièrement attention à la volonté de certains modèles féminins du photographe japonais ne souhaitant plus être exhibés. « Il y a des cadres vides sur les cimaises. Ils sont la traduction d’un retrait volontaire des images pourtant présentes dans l’appartement de Stéphane André, par respect pour les modèles d’Araki », explique Édouard de Saint-Ours, conservateur des collections photographiques du musée Guimet et co-commissaire de Polaraki. Le parcours se termine sur un positif emprisonné dans une résine qui interroge la reproductibilité de la photographie, en écho à l’unicité du polaroid.

Polaraki : Mille polaroids d’Araki Nobuyoshi
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990-2024 © Musée Guimet, Paris Nicolas Fussler.
En cours
Exposition
Polaraki : Mille polaroids d’Araki Nobuyoshi
01.1012.01
Musée Guimet
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Vue d'une chambre avec pleins de photos aux murs
Appartement de Stéphane André, 24 janvier 2025 © Nicolas Fussler
Triptyque de trois polaroids de fleurs
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
Polaroid d'une femme allongée sur un tatami
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
Mur d'un appartement avec pleins de polaroids
Appartement de Stéphane André, 24 janvier 2025 © Nicolas Fussler
Diptyque de polaroid de fleurs
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
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