Porntoshop, serial colleuses

20 octobre 2016   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Porntoshop, serial colleuses

« On sort quand il fait nuit, vers 22 heures, mais on se retrouve chez moi à partir de 20 h 30. Tu nous rejoins quand tu veux. »

Rendez-vous est pris avec les « Présidentes » de Porntoshop. Au programme : bières, dentelles noires et affichage sauvage dans l’Est parisien. Mais ne vous fiez pas à l’aspect léger de ce premier contact, Porntoshop est une affaire on ne peut plus sérieuse.

C. est journaliste. Son anonymat est relatif, elle n’hésite pas à militer à visage découvert pour son magazine « politique, érotique et féministe ». Seulement, C. ne veut pas parler d’elle, c’est le jeune Porntoshop qui anime ses propos. Tout a commencé en 2013, alors qu’elle travaillait pour un magazine culturel qui préparait un numéro spécial sexe. C. récupère des magazines porno qui traînent dans la rédaction et s’amuse à coller des visages d’hommes politiques sur les corps pour tuer le temps pendant ses pauses. Histoire d’en faire quelque chose, elle crée un Tumblr où elle poste ses collages : « À la base, c’était un Tumblr sans réflexion particulière, juste des têtes d’hommes politiques sur des corps d’actrices porno. » C’est deux ans plus tard que vient l’envie de pousser l’idée plus loin, de systématiser le concept, d’ajouter des photomontages aux collages et d’en faire un magazine papier. Porntoshop est né.

Fisheye Magazine | Porntoshop, serial colleuses
© Marie Abeille
Fisheye Magazine | Porntoshop, serial colleuses
© Marie Abeille

Les présidentes

Le succès du deuxième numéro de Porntoshop, sorti en mars 2016, est tel que le petit fanzine, tiré à 100 exemplaires, est rapidement en rupture de stock. C. y a fait poser des amies en tenues légères, masquées par les gueules des présidents de la Ve République. La mine d’or ? Les plus belles punchlines sexistes – voire carrément misogynes – des chefs d’État français depuis Charles de Gaulle (exception faite d’Alain Poher, président par intérim en 1969 et 1974).

Malgré l’engouement autour du magazine, C. veut aller plus loin : « Après la sortie, je me suis dit “ça y est, c’est fini”. Mais je crois en ce projet, il faut donc que je le porte beaucoup plus que ça et, tiens, je n’ai jamais fait de collage d’affiches, c’est quelque chose qui semble à ma portée. » Les Présidentes reprennent donc du service. C. estime avoir de la chance d’être suivie par des filles toujours partantes, que ce soit « pour poser, pour aller dans la rue coller des affiches avec des masques, ou pour apparaître dans des vidéos ». Selon elle, ces nanas sont l’essence même du projet : « Sans elles, je ne peux pas faire tout ça. Le magazine, c’est quelque chose que je vis seule chez moi. Descendre dans la rue, c’est le moment où tu te confrontes à la réalité, où tu te mets un peu en difficulté aussi. » Car les retours ne sont pas toujours positifs, les discussions peuvent être intéressantes, parfois frustrantes ou décourageantes.

Fisheye Magazine | Porntoshop, serial colleuses
Photographies extraites de “Porntoshop #2”
Fish Eye Magazine | Porntoshop, serial colleuses
Photographies extraites de “Porntoshop #3”

Je ne suis pas une femme

À 22 heures, ce soir de juillet où nous retrouvons la team Porntoshop, la meute de Présidentes est prête à sortir. Préparation de la colle, vérification des élastiques des masques, approvisionnement en bières : go.Dans la rue, l’effet est saisissant : Pompidou, Sarkozy, Mitterrand, Giscard, Chirac et Hollande (de Gaulle n’a pas pu venir) évoluent dans la ville sur ces corps féminins, provoquant des réactions à mi-chemin entre inquiétude et amusement…

Fisheye Magazine | Porntoshop, serial colleuses
Photographies extraites de “Porntoshop #2”
Fisheye Magazine | Porntoshop, serial colleuses
Photographies extraites de “Porntoshop #2”

L’intégralité de cet article est à retrouver dans Fisheye #20, en kiosque depuis le 9 septembre et disponible en ligne sur Relay.com !

Explorez
Dans l'œil de Gareth Phillips : le pin qui pleurait la Terre
© Gareth Phillips, Pinus Patula, The Mexican Weeping Pine, 2017
Dans l’œil de Gareth Phillips : le pin qui pleurait la Terre
Cette semaine, plongée dans l’œil de Gareth Phillips. L'œuvre du photographe tente notamment de répondre à l’urgence climatique qui hante...
29 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Les images de la semaine du 22.04.24 au 28.04.24 : vertiges paysagers
© Elie Monferier
Les images de la semaine du 22.04.24 au 28.04.24 : vertiges paysagers
C’est l’heure du récap‘ ! Cette semaine, les photographes mis·es en avant par Fisheye réinventent la photographie de paysage.
28 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
© Stefanie Moshammer
Le passé artificiel de Stefanie Moshammer
Les images de Stefanie Moshammer s’inspirent d’expériences personnelles et de phénomènes sociaux, à la recherche d’un équilibre entre...
27 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
© Douglas Mandry, Retardant Panels (2023)
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
La nouvelle exposition du Hangar, à Bruxelles, met en lumière une vingtaine d’artistes qui ont choisi de transformer leurs photographies...
24 avril 2024   •  
Écrit par Eric Karsenty
Nos derniers articles
Voir tous les articles
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
© Aleksander Varadian Johnsen / Instagram
La sélection Instagram #452 : la danse sous toutes ses formes
Cette semaine, les photographes de notre sélection Instagram capturent les corps – et même les éléments – qui dansent à en perdre...
À l'instant   •  
Écrit par Marie Baranger
3 questions à Juliette Pavy, photographe de l’année SWPA 2024
En plus de la douleur et des saignements, ces “spirales“ sont également à l’origine de graves infections qui ont rendu leurs victimes définitivement stériles. © Juliette Pavy
3 questions à Juliette Pavy, photographe de l’année SWPA 2024
À travers son projet sur la campagne de stérilisation forcée au Groenland entre 1966 et 1975, la photographe française Juliette...
29 avril 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Les coups de cœur #490 : Guillaume Nedellec et Simona Pampallona
© Guillaume Nedellec
Les coups de cœur #490 : Guillaume Nedellec et Simona Pampallona
Nos coups de cœur de la semaine, Guillaume Nedellec et Simona Pampallona, nous plongent tous·tes deux dans une esthétique en...
29 avril 2024   •  
Dans l'œil de Gareth Phillips : le pin qui pleurait la Terre
© Gareth Phillips, Pinus Patula, The Mexican Weeping Pine, 2017
Dans l’œil de Gareth Phillips : le pin qui pleurait la Terre
Cette semaine, plongée dans l’œil de Gareth Phillips. L'œuvre du photographe tente notamment de répondre à l’urgence climatique qui hante...
29 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill