Elisabeth Blanchet est une ancienne professeure de mathématiques vivant entre Londres et Marseille. Depuis 2001, elle mène une enquête photographique sur les préfabriqués et ses habitants, un sujet singulier et peu abordé.
« Certaines personnes pensent que vivre dans un préfabriqué c’est comme vivre dans une boîte ». Pas Elisabeth Blanchet. Elle aime les préfabriqués si bien qu’elle sillonne depuis 2001 le Royaume-Uni à la recherche de personnes ayant vécu ou qui vivent encore dans ces baraques (terme français). Depuis 2014, elle explore quelques villes françaises depuis le Pays de la Loire jusqu’au Havre. Car au Royaume-Uni comme en France, les préfabriqués d’après-guerre sont devenus de puissants outils des politiques publiques. Plus de 150 000 baraques ont été construites des deux côtés de la manche afin de reloger les personnes ayant perdu leur logement durant la guerre. Son travail intitulé Prefabs mêle photographie histoire et sociologie. Au Royaume-Uni, elle est parvenue à créer un Musée mobile consacré au sujet. En plus de développer et rendre accessible une archive nationale, c’est un lieu qui fédère les usagers. En partenariat avec l’association « Mémoire de Soye » basée à Ploemeur, elle projette de réitérer l’expérience en France.
Sauver la communauté
Elisabeth Blanchet a toujours été fascinée par les gens qui vivent en communauté. Avant de mener cette large enquête, elle a étudié les communautés tsiganes anglaises. Avec Prefabs, elle s’est intéressée à leur fonctionnement ainsi qu’au mode de vie des usagers. «Pourquoi les gens s’attachent-ils autant à leur logement? » Une question à l’origine du projet. « Humanité, Communauté et simplicité », c’est ainsi qu’Elisabeth décrit l’objet en tant que tel. « Il y a une forme d’utopie aussi » nous confie-t-elle. Car le préfabriqué dispose d’un espace de vie agréable (deux chambres et une cuisine équipée ). Mobile, il se démonte et se remonte facilement et permet à son propriétaire d’avoir un jardin. Enfin, la photographe note que la proximité est parfaite « les habitants ne sont ni trop proches ni trop loin de leurs voisins » ajoute la photographe. En donnant de la visibilité à ces baraques, elle sauve une communauté tout entière plus qu’une simple « boîte ». Car en plus de faire ses photos et interviews, elle noue des liens très serrés avec les habitants. Son travail est à découvrir à Grenoble dans le cadre du Mois de la Photo 2017 jusqu’au 26 novembre.
© Elisabeth Blanchet