Avec 200 dossiers reçus pour cette 3e édition, le prix Fidal de la photographie documentaire s’installe résolument dans le paysage photographique. Après Philippe Grollier, lauréat en 2016 pour un projet sur l’Irlande qui sera exposé à la prochaine édition de PhotoSaintGermain, et Philippe Chancel, qui a été distingué l’an dernier pour terminer son projet Datazone, c’est Pierre Faure, membre du studio Hans Lucas, qui a su convaincre les 7 membres du jury rassemblés lundi 25 juin 2018. Économiste de formation, Pierre Faure s’intéresse aux évolutions qui modifient la société française en profondeur, et sur le long terme. « Depuis 2004, le nombre de personnes pauvres a progressé de 1,2 million (+ 30 %). Ce mouvement de hausse constitue un tournant dans l’histoire sociale de notre pays. La dégradation économique enregistrée depuis 2008 pèse tout particulièrement sur les moins favorisés.
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Depuis trois ans, le photographe documente la montée de la pauvreté en France, en pointant principalement son viseur sur les zones rurales et périurbaines. « La France compte 8,8 millions de pauvres (INSEE, 2016). 2,3 millions de personnes vivent avec au mieux 672 euros par mois », explique le photographe. Un travail dont l’objectif est de « rendre visibles et concrètes les conditions de vie d’une partie de nos compatriotes. Que des visages se substituent aux statistiques afin d’apporter au public des éléments de sensibilisation et de compréhension ». Bref, de mettre en lumière les invisibles, et de changer le regard porté sur eux. Selon une enquête du Crédoc publiée septembre 2014, « 37 % des Français pensent que les personnes qui vivent dans la pauvreté n’ont pas fait d’effort pour s’en sortir alors qu’ils n’étaient que 25% en 2009 au déclenchement de la crise ». Une série sensible et nécessaire.
© Pierre Faure