Le 17 janvier, le Prix Virginia a désigné sa nouvelle lauréate : la photographe espagnole Cristina De Middel, et sa série Journey to the center. Un récit métaphorique retraçant la dure traversée de l’Amérique centrale par les migrants.
Initié en 2012, le Prix Virginia récompense, tous les deux ans, une photographe professionnelle – sans distinction d’âge ou de nationalité – pour une œuvre réalisée hors commande et publicité. Si la crise sanitaire a endigué la culture, c’est un nombre record de candidatures que le concours a reçu cette année. Une participation affirmant la volonté des femmes artistes de devenir des actrices majeures de l’histoire. Le 17 janvier 2021, lors d’une cérémonie en ligne, les membres du jury (le journaliste et commissaire d’exposition Simon Bainbridge, Audrey Genois, directrice exécutive de MOMENTA, Marta Gili, directrice de l’ENSP d’Arles, Lekgetho Makola, directeur de Market Photo Workshops à Johannesburg, et la responsable éditoriale de Foam Magazine, Élisa Medde) ont désigné la nouvelle lauréate, succédant à Cig Harvey : Cristina De Middel.
S’écarter du récit traditionnel
Avec Journey to the center, la photographe espagnole relate la traversée de l’Amérique centrale des migrants, voyageant jusqu’aux États-Unis. Photojournaliste de formation, Cristina De Middel s’intéresse aujourd’hui au lien fragile entre image et réalité. En croisant les pratiques documentaires et conceptuelles, elle fait de l’environnement un décor de théâtre vide, qu’elle remplit d’histoires et d’accessoires. Symboliques, son voyage au centre – écho poétique au Voyage au centre de la Terre de Jules Verne – oscille entre actualité et fiction. Véritable équilibriste, l’artiste parvient à saisir, à l’aide d’allégories, les états d’âme des migrants ayant quitté leur passé dans l’espoir d’un futur plus clément. « En faisant des symboles des indices, Cristina De Middel s’écarte du récit traditionnel de l’immigration et du franchissement des frontières. Elle intrigue en explorant cette histoire d’un point de vue étranger », précise Lekgetho Makola. Une approche atypique « qui rend paradoxalement le grave sujet de l’immigration plus humain », conclut Simon Bainbridge.
© Cristina De Middel