Dans Queen of Nowhere, Kourtney Roy a dépassé les limites de l’autofiction. Pour ce nouvel ouvrage immersif, elle s’est associée à la maison d’édition IIKKI pour proposer des récits en technicolor qui s’accompagnent d’une bande-son sur-mesure.
Reine de Nulle part ou de tout et son contraire, Kourtney Roy est surtout une reine de l’autofiction. Avec beaucoup d’humour, la photographe canadienne se joue des clichés dans des compositions fantasques et acidulées. Femme fatale ou ménagère dépassée, elle décline tout un panel de personnages aussi stéréotypés que charmants. Ces fragments d’histoires, dénués de contexte, laissent alors place à l’imagination de celui ou celle qui regarde. Dans son esprit, les images volubiles s’animent et se parent de toutes sortes de récits. À son style résolument cinématographique, il ne manquait finalement qu’une bande-son. Une absence qu’elle est parvenue à pallier dans Queen of Nowhere. Pour ce faire, elle s’est associée à IIKKI, une maison d’édition française qui se plaît à faire dialoguer, au sein d’un même ouvrage, artistes visuels et musicaux.
« Greasy Rider », « House Made of Dawn », « Carousel of Love », « Dusty Tesla », « Camp Fire », « Purple Hay »… Un ensemble de titres signés Dayve Samek de Trance Farmers vient illustrer les mises en scènes théâtrales, mais également les séquencer. La durée de chaque morceau délimite les différentes séries et distille quelques informations, çà et là entre les pages. À sa manière, le musicien sublime ainsi l’œuvre de la photographe et laisse entendre aux lecteurs la représentation qu’il en a. Costumes, décors et accessoires prennent alors une tout autre couleur, même si l’autodérision dont fait preuve Kourtney Roy demeure perceptible. Au-delà du dépassement des frontières de son genre de prédilection, elle assouvit un degré de perfection tout aussi satisfaisant pour le regard d’autrui.
Queen of Nowhere, IIKKI, 130 p., 48 €.
À l’occasion des Rencontres d’Arles, Kourtney Roy présentera son ouvrage le jeudi 7 juillet 2022, de 17h30 à 18h30, au Capitole.
© Kourtney Roy