Jusqu’au 1er octobre 2023, le Studio de la MEP accueille la première exposition personnelle de Rachel Fleminger Hudson. Au fil de son œuvre, l’artiste britannique explore l’imaginaire des années 1970 par le prisme des cultural studies, portant un intérêt tout particulier pour le costume et les décors.
Lauréate l’an dernier du Prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents, Rachel Fleminger Hudson a désormais droit à sa première exposition personnelle. Celle-ci est à découvrir jusqu’à la fin de l’été au Studio de la MEP et donne à voir les images de plusieurs séries. Toutes convergent vers un même attrait : les années 1970. Animée par de nombreuses sous-cultures, cette décennie fascine l’artiste depuis de longues années déjà, si bien qu’elle a fini par entreprendre tout un travail de recherche sociologique autour de la mode comme lieu de performance identitaire à la Central Saint Martins, dont elle est sortie diplômée en 2022. Si ses mises en scène étudiées reprennent le langage de photographies d’alors, prises sur le vif, et assument une quête d’historicité, elles effleurent tout autant la représentation théâtrale avec une mise en abyme des modèles.
Sonder notre rapport au passé
Au fil de ses compositions, Rachel Fleminger Hudson s’amuse de l’imaginaire que la nostalgie s’est fait de cette période. Cette dernière, à la lisière des courants modernistes et postmodernistes, témoigne d’un changement de paradigme, d’un mouvement qui passe d’un culte de l’authenticité à celui du simulacre. La photographe et vidéaste britannique s’est ainsi livrée à une étude théorique et visuelle approfondie qui interroge les ressorts de la construction des identités. Le vêtement, mieux que tout autre chose, se présente à la fois comme le symbole de l’expression d’une individualité propre et celle d’une appartenance à un groupe ou une classe sociale, toujours régis par un certain nombre de codes.
À ce titre, chacun et chacune des jeunes fans de football arbore ici fièrement des écussons et pin’s d’époque, tirés d’archives, qui participent à donner une impression de réel. Il en va de même des vêtements portés. Seulement, en contrepoint, le regard de la figure centrale soutient le nôtre de manière frontale, brisant le quatrième mur censé s’imposer. En rejouant de cette façon un temps révolu, la fiction parvient finalement à sonder notre rapport au passé, qu’il renvoie à des souvenirs qui nous sont chers ou à la projection d’un idéal que l’on aimerait avoir connu et qui continuera à nous faire rêver.