Raï de Boris Bincoletto : oublier quelqu’un pour retrouver les autres

17 décembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Raï de Boris Bincoletto : oublier quelqu'un pour retrouver les autres
© Boris Binceletto
plage grecque
© Boris Bincoletto

Après Solemar, son premier livre photographique qui explorait la côte Adriatique, Boris Bincoletto sort Raï, qui se situe entre la photographie still life et le documentaire. Né d’une rupture amoureuse et d’un besoin d’isolement, ce deuxième ouvrage célèbre, sous le soleil d’une île grecque mystérieuse, la joie naïve mais cathartique des rencontres.

« Raï » signifie « paradis » en langue slave. L’auteur nous y embarque, du bateau aux terrasses des restaurants, de ses bancs où il a attendu que sa tristesse s’ébroue, jusqu’à l’explosion solaire des visages qu’il y portraitise. Impossible, pourtant, de lui faire avouer le vrai nom de ce lieu : « Ce que la narration du livre développe, c’est justement qu’un raï existe pour chacun·es. Qu’il soit une île, une montagne, une ville, nous avons toutes et tous un paradis qui nous attend où l’on pourrait se reconstruire à l’abri du monde en cas de besoin », explique-t-il.  L’appareil saisit d’abord le détail – sardines d’un étal, hublot du navire –, puis peu à peu, le cadre s’élargit, se recentre, des figures apparaissent. Au fil du texte, contrepoint délicat des clichés, le·a lecteur·ice participe à la renaissance de l’auteur, partage ses émotions, et ses rencontres. Celle de Galia, qui lui propose de refaire sur la plage les photos qu’elle avait prises vingt ans plus tôt, et qui, depuis sa terrasse de restaurant, lui ouvre les portes de la population, celles de ces îliens qu’il croque du tatouage terni, du sourire ravageur d’une ado, jusqu’au corps élancé d’un plongeur. Raï se révèle à mesure que l’auteur y pénètre. Son vrai cœur est une ronde, cercle de danse où les mains s’enserrent, se trouvent, happent l’image dans le carcan sensuel des doigts liés, rayons d’un grand soleil humain dont le tirage artisanal, très maîtrisé, retranscrit la chaleur. « Se frotter à l’inconnu, à l’autre, c’est s’abandonner, oublier ses propres préoccupations ou débâcles parce que, justement, on est avec l’autre et que ce moment, il faut le vivre, en faire quelque chose », conclut Boris Bincoletto.

restauratrice sur sa terrasse
© Boris Bincoletto
jeunes à la plage
© Boris Bincoletto
croix en homme sur torse d'homme
© Boris Bincoletto
portrait d'un homme barbu
© Boris Bincoletto
femme imposante sur un transat
© Boris Bincoletto
cuillères dans une assiète
© Boris Bincoletto
vieux pêcheur fumant sa clope au bistrot
© Boris Bincoletto
vase sur une table traverser de rayons de soleil
© Boris Bincoletto
foule dansante
© Boris Bincoletto
coucher de soleil sur la mer
© Boris Bincoletto

rocher dans la nuit
© Boris Bincoletto
bouquet de fleurs sur une table
© Boris Bincoletto

groupe de jeunes en maillot de bain
© Boris Bincoletto
bouteilles d'eaux dans un sac plastique
© Boris Bincoletto
livre sur des rochers
© Boris Bincoletto
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