Dernier épisode en date dans la querelle economico-artistique qui agite la ville d’Arles et questionne le futur des Rencontres internationales de la photographie : François Hébel, directeur du festival en 1986-1987 puis à nouveau depuis 2001, a présenté sa démission le 5 novembre dernier. Divorce véritable, ou porte claquée en forme d’antiphrase grandiloquente ?
Au cœur du désaccord qui oppose le directeur du festival aux mécènes de la Fondation Luma, le parc des Ateliers SNCF où se tiennent chaque été les Rencontres, cédé par la région PACA à la fondation de Maja Hoffmann pour la réalisation d’un “centre d’art et de recherche d’un genre nouveau“, un édifice moderniste signé Franck Gehry. [L’article “Querelle de clichés à Arles” est à lire dans le numéro 3 de Fisheye actuellement en kiosque.]
“Il y a beaucoup d’atouts aux Rencontres, c’est un festival qui est en très, très bon état ; c’est la raison pour laquelle je trouve absolument scandaleux que, d’un coup, on lui demande de repartir douze ans en arrière“, explique un bon connaisseur du dossier qui a préféré rester anonyme. “Arles, qui a déjà tous les monuments romains, a-t-il besoin de monuments supplémentaires ? Avec quel argent va-t-on équiper ces 10 000 m2 alors qu’on va passer au bulldozer douze ans d’investissements, de cimaises, de lumière, de sécurité payés entièrement sur le budget des Rencontres sans un seul coup de peinture de la mairie ?“, poursuit la même source.
Si François Hébel est pressenti pour succéder à Mark Robbins à la tête de l’International Center of Photography (ICP) de New York, il ne semble pas encore absolument sûr de vouloir quitter la direction des Rencontres. Un conseil d’administration doit se réunir le 16 décembre prochain pour donner son verdict quant à la prolongation de François Hébel à la tête du festival.
Dépité par la preste réaction de la ministre de la Culture et de la Communication et du maire d’Arles à prendre note de sa démission et à tourner la page, François Hébel aurait-il préféré une autre issue et poursuivre l’excellent travail qu’il fait à Arles ? C.T.