La Galerie Vu accueille l’artiste espagnol David Jiménez à l’occasion de l’exposition Liminal. L’artiste y présente un ensemble cohérent issu de travaux antérieurs. Un voyage à prolonger en parcourant ses derniers ouvrages Aura et Universos.
« La réalité existe indépendamment de notre conscience : elle est là, et il nous est difficile de s’en faire une idée précise. Elle dépend de notre perception, et relève de notre imagination ». C’est ainsi que David Jiménez définit cette notion phare dans son œuvre. Une œuvre ô combien foisonnante dont on peut apercevoir quelques fragments à la Galerie Vu. L’exposition Liminal à la galerie parisienne rassemble des images en noir et blanc et quelques unes en couleur, provenant de séries antérieures. Un ensemble cohérent et condensé révélant les dernières explorations du photographe espagnol. « Il est vrai que j’ai davantage recours au noir et blanc. Peut-être que ces images s’éloignent de la réalité, et positionnent mon travail sur une frontière fine, entre le réel et l’imaginaire », confie l’artiste. L’homme et la nature, la texture et la superficie, et surtout le dicible et l’indicible. Les images de David Jiménez se situent dans un entre-deux constant, parfois sombre, et parfois très lumineux. « Je pense que chaque photographe noue une passion avec la lumière. Sinon, on passerait à côté de quelque chose de capital dans la pratique du médium. Mais le 8e art est aussi capable de raconter des histoires, comme mon travail ne le fait pas, je suppose que la présence de la lumière gagne en importance », confie -t-il à ce sujet.
Nouvelle représentation du réel
Il est vrai que David Jiménez ne cesse d’accentuer les distances avec la narration, préférant interroger notre rapport au monde, et donc la notion de perception. « Je pense qu’il est difficile de définir mon approche photographique en quelques mots. Le plus important ? Créer de nouvelles façons de voir la réalité (et donc d’y penser). Ce que nous nommons « réel » est plus dépendant de nos pensées que de nos actions. Nous pouvons utiliser le médium photographique pour en livrer une nouvelle représentation ». L’artiste est-il ennuyé par notre monde pour ainsi déployer le champ des possibles ? Non. Surement pas. « Comme des rêves, la réalité est souvent incroyablement belle et surprenante. » Minimalistes, oniriques, atemporelles, brutes, ou encore intenses. Difficiles de qualifier ses productions. Et finalement, il est préférable de s’attarder sur leur puissance évocatrice. Un mystère, un équilibre, ainsi qu’une ambiguïté se dégagent du travail de David Jiménez. Avec Liminal, l’artiste prouve deux choses : notre perception n’a aucune limite, et elle l’emporte sur la raison et l’intellect – n’en déplaisent à Platon et Descartes. « Bien que ces plans contiennent des personnes, des animaux, des espaces, des objets et des lumières, l’énergie qu’ils génèrent n’appartient à aucun d’eux en particulier, mais plutôt à ce qui les relie tous », précise l’artiste qui a pour habitude de présenter ses images en diptyques. Une fois encore, David Jiménez repousse les frontières : ses œuvres deviennent des dialogues ouverts.
Aura , Infinito Books (autopublication), 42 €, 126 p.
Universos, Copublié par RM, Comunidad de Madrid, Museo Universidad de Navarra, 35 €, 176 p.
Liminal
Jusqu’au 26 octobre 2019
Galerie VU, Hotel Paul Delaroche,
58 rue Saint-lazare, 75009 Paris
© David Jiménez