Créé il y a un an par les équipes de Fisheye, Focus est un format vidéo innovant qui permet de découvrir une série photo en étant guidé par la parole de leur auteur·rice. Cette narration originale à travers une mosaïque d’images et un habillage sonore nous entraîne dans un parcours immersif aussi sensible que stimulant. Un article rédigé par Éric Karsenty, Florence Legrand et Lou Tsatsas, à retrouver dans notre Fisheye #59.
Christine Spengler
C’est certainement l’un des épisodes les plus passionnants de cette collection, où la photographe maintes fois primée pour ses reportages de guerre et exposée pour ses compositions baroques sur les vierges et les toréros se transforme en formidable conteuse. Son récit nous fait comprendre son parcours incroyable, du deuil de son jeune frère Éric aux arènes madrilènes en passant par les scènes de conflit tout autour du monde, sans oublier les créations colorées du couturier Christian Lacroix. Avec la couleur du sang qui tisse la trame de sa trajectoire, à la manière d’un fil rouge intense et lumineux. La narration est par ailleurs servie par une formidable bande-son qui confère à ce focus de 8 minutes 49 secondes la dimension d’un véritable court-métrage.
Lewis Bush
Artiste visuel et enseignant britannique né en 1988, Lewis Bush a travaillé en tant que chercheur pour l’Organisation des Nations unies avant de pratiquer la photographie documentaire. Dans la série Depravity’s Rainbow, il croise des images d’archives et quelques-uns de ses cyanotypes pour rendre compte du rôle de la science et des nouvelles technologies au sein de conflits internationaux historiques. Lewis Bush y explore la manière dont la politique et la technologie sont intimement liées. En l’occurrence, il démontre comment le développement des roquettes V2 par Wernher von Braun – qui a œuvré pour les Allemands avant de rejoindre la Nasa – a servi, après la Seconde Guerre mondiale, à la construction de fusées et a ainsi façonné l’exploration spatiale. Son approche artistique ne se départ jamais d’une démarche pédagogique instructive et passionnante.
Kamila K Stanley
Photographe britannique d’origine polonaise, Kamila K Stanley a grandi en Espagne, en Autriche et au Portugal avant de s’installer en France. Véritable enfant de l’Union européenne, elle s’est construite au cœur de cette multiculturalité. Alors, lorsque le Brexit a été voté, son monde s’est écroulé. Une « blessure » qu’elle soigne à travers Declaring Independence, un projet collaboratif au croisement de la mode et de la photographie. Depuis le référendum de 2016, l’artiste voyage de pays en pays avec, dans ses bagages, des créations de jeunes designer·euses européen·nes. Dans les rues, elle trouve ses modèles – des personnes queers, âgées, LGBTQIA+ aux styles et aux ethnies mélangées – qu’elle sublime à coups de flash et d’accessoires excentriques. Le résultat ? Un patchwork de créateur·rices, symbole d’une Europe libre aux frontières abolies et à l’énergie grisante.