Le CRP/ (Centre Régional de la photographie des Hauts-de-France) présente l’exposition Mytho de Robin Lopvet. Un parcours qui soulève, à travers plusieurs séries réalisées par ce jeune artiste français, la question de l’image digitale et de ses pouvoirs infinis. Jusqu’au 14 janvier 2024.
Petit génie de Photoshop, de la retouche et des nouvelles technologies de l’image, Robin Lopvet ne cesse d’étonner le paysage de la photographie contemporaine. Ce jeune photographe à l’esthétique déjantée, met en place un langage à la fois cynique et drôle, en dénonçant les travers de la viralité des images. Jusqu’au 14 janvier 2024, une exposition, Mytho, lui est consacrée au Centre Régional de la photographie des Hauts-de-France. « À défaut de trouver un sens à la vie, j’essaye de trouver une absence de sens, mais qui dit tout de même quelque chose » confiait-il à Fisheye. Comme un dadaïste contemporain, son but est de provoquer en permanence en nous faisant réfléchir sur une certaine superficialité typique du 8e art aujourd’hui. Celui qui se dit être « connu sur Internet pour avoir fait le meme du chien dans la tempête de sable », se moque des codes de l’académisme photographique et donne lieu à une exposition foisonnante. une forme d’éloge des images futiles.
La névrose de notre rapport au visuel
La recherche esthétique de Robin Lopvet tourne autour de la viralité des images. À une époque où, tous les jours, nos yeux côtoient des vidéos de chiens et de chats à côté de photos de guerre, le photographe s’empare sans complexe d’un humour noir et dénonciateur. Sa réflexion porte ainsi sur le vertigineux flux d’images futiles, superflues et distrayantes qui nous submerge. Les réseaux sociaux ont névrosé notre rapport au visuel, en nous rendant incapables de distinguer entre les différents niveaux de gravité d’une photographie. Toutes les écritures finissent par se ressembler et se rassembler, dans un chaos où informations et émotions ne font plus qu’un. Dans sa série D.O.G.S., le photographe incruste des têtes de chiens dans des paysages désolants de guerre : la série évoque avec un humour potache le caractère incontrôlable de ces flux de circulation visuelle. Avec Prémices et 7e continent, il se débarrasse de l’académisme et s’empare des classiques de l’histoire de l’art pour mieux les détourner. Il réinvente la nature morte en se servant du photo-montage et de toute sorte de retouche. Il désacralise le fameux tableau de Jérôme Bosch, Le Christ aux Limbes, en le remplissant de références geek et de l’esthétique post-internet propre à son époque. « Prodige de la retouche, Robin Lopvet exploite son savoir-faire et sa panoplie d’outils numériques pour donner à voir son propre univers entre mythologies et mythomanies, écrit Audrey Hoareau, commissaire de l’exposition. Détournement, transformation, réappropriation, les images qu’il crée témoignent d’une grande liberté et d’une créativité sans limite. »