Romain Bagnard : « Medusa »

18 février 2021   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Romain Bagnard : « Medusa »

En Grèce, le photographe français Romain Bagnard s’inspire des mythes – notamment celui relatant la naissance d’Athéna – pour réaliser une série crue prenant place dans la rue. Cet article, rédigé par Louise Charbonnier, est à retrouver dans notre dernier numéro.

C’est à Athènes que cette série est née avec le récit brutal de la naissance d’Athéna qui a accompagné Romain Bagnard tout le temps de son séjour sur place. Entre les quartiers d’Exarchia et celui de la place d’Omonia, « cet épisode mythologique se met alors à résonner en moi. La puissance d’Athéna jaillissant du crâne de son père en brandissant épée et bouclier me captive. Elle trouve écho dans chacune des rues traversées, dans mon approche photographique, mais aussi dans mon parcours personnel. C’est une urgence presque belliqueuse de vie, de survie, de contestation, d’affirmation. C’est dans cet esprit qu’est né ce travail », explique le photographe.

C’est une série monde, avec comme principal dénominateur commun, la rue : « Ma pratique photographique est étroitement liée à la ville, à la rue, et à la marche. C’est ici que je trouve toute la matière dont j’ai besoin pour m’exprimer. J’aime l’idée de travailler à partir de ce qui est accessible et visible par tout un chacun », précise l’auteur. Dans ce corpus polysémique, complexe et mouvant s’entrechoquent couleurs et matières, lignes et visages, signifiés et signifiants, au sein d’une cartographie mentale dynamique et personnelle. « Le mythe de la Méduse, étroitement lié à celui d’Athéna, est très riche. Il parle notamment du pouvoir du regard, du simulacre, de la vanité, du narcissisme, ou du désir de voir. J’aime cette image de la Méduse qui agite ses serpents sur son crâne comme autant de pistes de sens possibles: métaphorique, horrifique, ironique, iconique, elliptique, plastique ou métaphysique. C’est ainsi que j’envisage aujourd’hui mon travail: comme un va-et-vient incessant entre ces différents niveaux d’interprétation », analyse Romain Bagnard.

Des cierges à peine consumés et déjà jetés, des dessins énigmatiques, une cicatrice traversant le dos d’un crâne, un bras gisant dans des excréments d’oiseaux, des regards sonnés, hypnotiques ou défiants, des corps malmenés… « Ces photos sont des images existantes de manière latente dans mon cerveau, et qui ont trouvé à se projeter, à un moment donné et à un endroit donné, pour être incarnées physiquement. Je crois en la capacité des images à représenter de manière très simple une pensée beaucoup plus complexe », développe Romain Bagnard. L’artiste saisit ces fragments de réalité et les recompose dans un nouvel ensemble qui, comme dans le mythe de la Méduse, forme son miroir de vérité. Un miroir que chacun est libre de saisir à son tour, et de s’y réfléchir à l’envi.

 

Cet article est à retrouver dans Fisheye #45, en kiosque et disponible ici

© Romain Bagnard© Romain Bagnard

 

© Romain Bagnard© Romain Bagnard

 

© Romain Bagnard© Romain Bagnard

 

© Romain Bagnard

 

© Romain Bagnard© Romain Bagnard

 

© Romain Bagnard© Romain Bagnard

 

© Romain Bagnard© Romain Bagnard

© Romain Bagnard

Explorez
10 séries autour de la fête pour célébrer la nouvelle année
© Eimear Lynch
10 séries autour de la fête pour célébrer la nouvelle année
Ça y est, 2025 touche à sa fin. Dans quelques jours, un certain nombre d’entre nous célèbreront la nouvelle année avec éclat. À...
27 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Concours de beauté, métropoles et intimité : nos coups de cœur photo de décembre 2025
© Carla Rossi
Concours de beauté, métropoles et intimité : nos coups de cœur photo de décembre 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
24 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Le 7 à 9 de Chanel : Claire Denis et la fabrique du monde
Tracey Vessey, extrait du film Trouble Every day, film de Claire Denis, Paris, 2001 © Rezo Productions
Le 7 à 9 de Chanel : Claire Denis et la fabrique du monde
Pour ce nouveau 7 à 9 de Chanel au Jeu de Paume, la scénariste et réalisatrice Claire Denis était invitée à revenir sur ses racines, ses...
22 décembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
Les images de la semaine du 15 décembre 2025 : hommage, copines et cartes postales
© Ashley Bourne
Les images de la semaine du 15 décembre 2025 : hommage, copines et cartes postales
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, nous rendons hommage à Martin Parr, vous dévoilons des projets traversés par l’énergie d’une...
21 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 22 décembre 2025 : neige, enfance et cinéma
Emcimbini de la série Popihuise, 2024 © Vuyo Makheba, Courtesy AFRONOVA GALLERY
Les images de la semaine du 22 décembre 2025 : neige, enfance et cinéma
C’est l’heure du récap ! Au programme cette semaine : l’éclat ivoire des premiers flocons pour le solstice d’hiver, un retour sur la...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
10 séries autour de la fête pour célébrer la nouvelle année
© Eimear Lynch
10 séries autour de la fête pour célébrer la nouvelle année
Ça y est, 2025 touche à sa fin. Dans quelques jours, un certain nombre d’entre nous célèbreront la nouvelle année avec éclat. À...
27 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l’œil de Marilia Destot : mémoire entre ciel et mer
© Marilia Destot / Planches Contact Festival
Dans l’œil de Marilia Destot : mémoire entre ciel et mer
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Marilia Destot. Jusqu’au 4 janvier 2026, l’artiste expose ses Memoryscapes à Planches...
26 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Vuyo Mabheka : de brouillon et de rêve
Indlela de la série Popihuise, 2021 © Vuyo Makheba, Courtesy AFRONOVA GALLERY
Vuyo Mabheka : de brouillon et de rêve
Par le dessin et le collage, l'artiste sud-africain Vuyo Mabheka compose sa propre archive familiale qui transcrit une enfance solitaire...
25 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine