Rubis Mécénat : Jabulani Dhlamini et Thembinkosi Hlatshwayo chantent la mémoire évolutive

03 novembre 2022   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Rubis Mécénat : Jabulani Dhlamini et Thembinkosi Hlatshwayo chantent la mémoire évolutive

Pour les dix ans d’Of Soul and Joy, Jabulani Dhlamini et Thembinkosi Hlatshwayo – deux artistes du programme photographique initié par Rubis Mécénat – exposent iHubo – Whispers à PhotoSaintGermain. En croisant leurs regards, tous deux s’aventurent dans les confins de la mémoire d’une terre aux êtres meurtris.

Depuis 2011, Rubis Mécénat soutient la création artistique engagée autour de problématiques sociales. Pour ce faire, le fonds de dotation a instigué divers programmes socio-culturels à destination de jeunes adultes issus de communautés défavorisées. Parmi eux figure notamment Of Soul and Joy, un projet photographique déployé en Afrique du Sud qui célèbre cette année son dixième anniversaire. À cette occasion, l’institution a invité un duo formé en ses murs à exposer au festival PhotoSaintGermain, qui se tiendra jusqu’au 19 novembre prochain. L’un mentor, l’autre élève, Jabulani Dhlamini et Thembinkosi Hlatshwayo ont tissé des liens à mesure que leurs regards se superposaient. Hantés par les mêmes visions traumatiques, les deux artistes ont renoué avec leurs souvenirs respectifs. C’est dans ce contexte qu’est né iHubo – Whispers, un dialogue entre passé et présent, couleur et monochrome, mémoire intime et collective.

Le relâchement de la douleur collective

Ce projet sensible tire son nom d’un terme zulu qui désigne les hymnes qui, dans la région, font office de processus d’archivage. Pour sauvegarder l’héritage culturel, les populations locales chantent. Pareil à une déité que l’on prie, la précieuse mémoire rassemble. Si elle s’étiole au fil du temps, elle demeure gage d’existence et de reconnaissance. Jabulani Dhlamini revisite ainsi subtilement la campagne de son enfance de laquelle semblent jaillir les voix des générations antérieures. Dans la même lignée, les clichés de Thembinkosi Hlatshwayo donnent à voir la taverne familiale où la violence se rejoue inlassablement. À l’image, celle-ci prend la forme d’apparitions spectrales aux contours flous.

Jabulani Dhlamini et Thembinkosi Hlatshwayo s’inscrivent ainsi dans une démarche de transmission et deviennent à leur tour des passeurs, mus par un souffle salvateur. « Les deux photographes, en s’engageant sur le chemin du dépassement, permettent le relâchement de la douleur collective. Refaire récit, pour que le trauma ne se fige pas, ne se cristallise pas dans les murs, mais répare une âme commune – comme on répare une maison. Tous deux œuvrent à une mémoire évolutive, délivrant un message puissant pour les jeunes générations : s’alléger du poids de l’histoire, dépasser ses peurs et ses angoisses », conclut Valérie Fougeirol, commissaire de l’exposition.

© Jabulani Dhlamini© Jabulani Dhlamini

© Jabulani Dhlamini

© Jabulani Dhlamini

© Thembinkosi Hlatshwayo© Thembinkosi Hlatshwayo

© Thembinkosi Hlatshwayo

Image d’ouverture © Jabulani Dhlamini

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