Salon Approche 2022 : de l’élémentaire à l’expérimental

10 novembre 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Salon Approche 2022 : de l’élémentaire à l’expérimental

Du 10 au 13 novembre, le Salon Approche présente sa nouvelle édition. Un îlot expérimental réjouissant, à ne pas manquer durant cette semaine photographique. Suivez le guide !

C’est au Molière, dans les beaux quartiers du premier arrondissement parisien que le salon Approche, dédié à l’expérimentation du médium photographique, présente sa sixième édition. Comprenant cette année quatorze solo shows et un duo d’artistes venu·es des quatre coins du monde, l’événement prouve encore une fois l’intérêt grandissant des auteurs et autrices pour une création hybride aux frontières des arts. Photogrammes, œuvres lumineuses, accumulations d’images, archives… Prenant de nouvelles formes, révélant de nouvelles thématiques, les œuvres présentées au cœur du salon intriguent autant qu’elles fascinent. Aux limites de l’abstraction, elles poussent les regardeur·ses à s’approcher au plus près pour concevoir, et révéler le sens.

© Daisuke Yokota / Courtesy Kominek Gallery© Matt Saunders / Courtesy the artist

© à g. Daisuke Yokota / Courtesy Kominek Gallery, à d. Matt Saunders / Courtesy the artist

Pour comprendre, il faut être conscient

Le voyage débute à l’étage avec le travail de Lucas Leffler, réalisé dans le cadre de la Résidence Picto Lab. Passionné par la transition entre l’anologique et le numérique, le photographe de 29 ans s’est intéressé à l’entreprise Kodak – et plus particulièrement à l’immense usine de Rochester, installée aux États-Unis, qui fut détruite par explosion en 2007 suite au déclin de la marque… Un événement qui coïncide avec la sortie du premier iPhone. Présentant une photographie sculpturale réalisée à partir de smartphones de l’époque, l’artiste interroge la notion d’obsolescence et met en lumière les paradoxes d’une technologie vouée à devenir rapidement archaïque.

Plus loin, des cadres minimalistes aux tons bleutés attirent notre regard : les créations de Manon Lanjouère, imaginées lors d’une résidence à bord de la goélette Tara, une voilette scientifique. « La pollution la plus importante est microplastique, c’est celle qui touche les micro-organismes. Or, on a tendance à l’ignorer puisqu’elle nous paraît invisible », affirme l’artiste, avant de poursuivre : « le phytoplancton produit la majorité de l’oxygène de la planète, j’ai donc voulu le mettre en avant, à l’aide de matériaux plastiques de notre quotidien ». Une collection de cyanotypes imprimés directement sur verre, montée sur une plaque de peinture s’activant avec une lampe fluorescente. À cette conception originale s’ajoutent des sculptures en impression 3D qui montrent de manière plus identifiable les différentes matières. Un aller-retour réussi, jouant avec les niveaux de lecture et forçant la concentration : car pour comprendre, il faut être conscient·e.

© Manon Lanjouère / Courtesy Galerie du jour agnès b.© Matthieu Boucherit / Courtesy Galerie Eric Mouchet

© à g. Manon Lanjouère / Courtesy Galerie du jour agnès b., à d. © Matthieu Boucherit / Courtesy Galerie Eric Mouchet

La lumière, l’outil primordial du 8e art

Au rez-de-chaussée, la visite se poursuit et nous propose une plongée vers les origines du médium photographique. Artiste installée à New York, Liz Nielsen se spécialise dans la conception de « photographie sans appareil photo » en peignant à l’aide de la lumière. « Il s’agit de photogrammes extrêmement complexes aux nombreuses couches. Une sorte de puzzle sculptural composé de différents supports. Ses œuvres se lisent comme des performances chorégraphiées, réalisées dans le noir total », explique la galeriste de Black Box Projects. Et, par-delà l’esthétisme de ses créations, l’autrice s’intéresse à l’intangible, à l’élévation. Multipliant les motifs triangulaires, elle cherche à atteindre une sorte de clairvoyance – « ou de contrôler quelque chose que l’on ne peut détenir physiquement », affirme la galeriste. Une réflexion à la fois philosophique et sensuelle qu’elle ne cesse de développer.

Lui aussi fasciné par les photogrammes, Baptiste Rabichon présente des natures mortes éclairées par la lumière de son smartphone. Aux côtés de l’écran, des objets du quotidien, trouvés dans son atelier et placés entre deux vitres transparentes. Une disposition permettant à l’artiste de confronter différentes natures et différents usages de l’image : de l’élémentaire à l’innovation, des ombres graphiques des objets aux images figées à la surface de l’iPhone. Une œuvre intitulée Blue screen of death, en référence à la couleur de bugs des écrans Windows, symboles eux aussi de notre rapport compulsif à la technologie. Un goût pour l’expérimentation appuyé par un second projet accroché en diptyque, résultat étonnant de deux scanners placés l’un sur l’autre et lancés en même temps. Une expérience artistique jouant avec nos perceptions comme avec l’outil primordial du 8e art : la lumière.

© Isabelle Wenzel / Courtesy of Galerie Bart© Lucas Leffler, series Advanced Photo System

© à g. Isabelle Wenzel / Courtesy of Galerie Bart, à d. Lucas Leffler, series Advanced Photo System

© Liz Nielsen / Courtesy Black Box Projects

© Liz Nielsen / Courtesy Black Box Projects

© Baptiste Rabichon / Courtesy Galerie Binome© Javier Hirschfeld Moreno / Courtesy Open Doors Gallery

© à g. Baptiste Rabichon / Courtesy Galerie Binome à d. Javier Hirschfeld Moreno / Courtesy Open Doors Gallery

Image d’ouverture : © Liz Nielsen / Courtesy Black Box Projects

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