Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre

29 mai 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Sidewalk Stills, les déchets des marchés de Charles Negre
Sidewalk Stills © Charles Negre
un bout de poivron qui traine
Sidewalk Stills © Charles Negre

Dans Sidewalk Stills, le photographe français Charles Negre offre un regard sensible sur les déchets qui parsèment les sols des marchés parisiens.

Les volutes d’une moisissure sur la chair d’une pomme, des épluchures devenues taches de peinture sur un tableau rosé, les rainures d’une nageoire ondulant comme les lignes d’une calligraphie dans une flaque d’eau… Dans Sidewalk Stills, Charles Negre approche son objectif au plus près des déchets des marchés parisiens – suivant méticuleusement leurs heures d’ouverture pour débarquer juste avant leur nettoyage –, afin d’en révéler la beauté aussi étrange qu’éphémère. Diplômé de l’École cantonale d’art de Lausanne (Écal), le photographe s’est installé à Paris pour « tenter [s]a chance ». « Ça a mis longtemps, mais avec de la ténacité, on arrive à faire beaucoup », assure-il. Depuis, il alterne les périodes intenses où se bousculent les projets éditoriaux et publicitaires et les moments plus lents où ses travaux personnels peuvent voir le jour. « Cela inclut des résidences à l’étranger ou du temps passé à Paris pour me concentrer sur des éléments spécifiques. Cette balance est essentielle : les deux aspects se nourrissent mutuellement », explique-t-il.

Une cannette de Red Bull sur un amas de salade
Sidewalk Stills © Charles Negre
Une carcasse de poisson jetée par terre
Sidewalk Stills © Charles Negre
Des fruits pourris
Sidewalk Stills © Charles Negre

Ces « choses du caniveau »

Suivant un « processus analogique précis, de la prise de vue à la chambre noire », Charles Negre ne cesse d’apporter une noblesse à ce que l’on fait habituellement disparaître, ces « choses du caniveau » métamorphosées en natures mortes colorées. Dans ses images, la pulpe d’une tomate remodèle la bâche au rouge soutenu qui la porte, une canette de Red Bull souligne à merveille les tons dorés des girolles qui la recouvrent. Même les restes d’animaux – poissons aux yeux globuleux, huîtres esseulées et pattes de poulet aux griffes acérées – deviennent les protagonistes d’un conte des plus étonnants, redonnant une place de choix aux « oubliés » du marché. Le photographe convoque le sublime là où on ne l’attend pas. Une manière singulière de représenter sa perception du médium. « La photographie reste encore le meilleur moyen de garder une innocence envers notre monde », conclut-il.

Cet article est à retrouver dans Fisheye #71.

156 pages
7,50 €
Des huitres jetées
Sidewalk Stills © Charles Negre
À lire aussi
Fisheye #71 : l’horizon de la photographie française
© SMITH
Fisheye #71 : l’horizon de la photographie française
Dans son numéro #71, Fisheye fait la part belle à la photographie française. Au fil des pages se déploient des sujets qui donnent à voir…
15 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Prix Carmignac : le Ghana face aux ravages des déchetteries électroniques
© Bénédicte Kurzen
Prix Carmignac : le Ghana face aux ravages des déchetteries électroniques
Le journaliste Anas Aremeyaw Anas et les photojournalistes Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen remportent le Prix Carmignac 2024 avec…
15 mai 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Explorez
Ne manquez pas les appels à candidatures et concours du moment
© Flore Prebay
Ne manquez pas les appels à candidatures et concours du moment
L'été et la rentrée scolaire sont marqués par quelques appels à candidatures et concours photographiques singuliers. Ils encouragent la...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #555 : Théo Soler et et Stavri Georgiou
Crise d'angoisse © Théo Soler
Les coups de cœur #555 : Théo Soler et et Stavri Georgiou
Théo Soler et Stavri Georgiou, nos coups de cœur de la semaine, composent des récits visuels prenant leurs racines dans le 7e art. Le...
18 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 11 août 2025 : contours flous
© Katarina Marković
Les images de la semaine du 11 août 2025 : contours flous
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye font la part belle au flou. Le manipulant de diverses manières, les...
17 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ? © Sophie Alyz
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
13 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Ne manquez pas les appels à candidatures et concours du moment
© Flore Prebay
Ne manquez pas les appels à candidatures et concours du moment
L'été et la rentrée scolaire sont marqués par quelques appels à candidatures et concours photographiques singuliers. Ils encouragent la...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #520 : à fleur de peau
© Neoklis Delegos / Instagram
La sélection Instagram #520 : à fleur de peau
Il est un sens dont on ne peut se passer : le toucher. La peau, point de contact entre soi et l’autre, devient un intermédiaire. Les...
19 août 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les coups de cœur #555 : Théo Soler et et Stavri Georgiou
Crise d'angoisse © Théo Soler
Les coups de cœur #555 : Théo Soler et et Stavri Georgiou
Théo Soler et Stavri Georgiou, nos coups de cœur de la semaine, composent des récits visuels prenant leurs racines dans le 7e art. Le...
18 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 11 août 2025 : contours flous
© Katarina Marković
Les images de la semaine du 11 août 2025 : contours flous
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye font la part belle au flou. Le manipulant de diverses manières, les...
17 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet