Bande dessinée croisant illustrations et photographies, Stanley Greene, une vie à vif retrace l’existence du photojournaliste – de ses reportages à son intimité. Un objet unique imaginé Jean-David Morvan et Tristan Fillaire.
« Je m’appelle Stanley Greene. Je suis mort le 19 mai 2017 »
. L’écrivain Jean-David Morvan et l’illustrateur Tristan Fillaire signent avec la bande dessinée Stanley Greene, une vie à vif un objet à part. À la fois graphique et photographique, l’ouvrage emporte le lecteur d’un continent, d’une décennie, d’une histoire à l’autre, sur les traces du grand photojournaliste. Les clichés – emblématiques et captivants – s’immiscent avec brio au cœur du récit, et se fondent dans les dessins, comme de brèves excursions dans la réalité.
Né à Brooklyn, en 1949, Stanley Greene devient dès le début des années 1970 un membre du mouvement afro-américain Black Panthers, et s’oppose à la guerre du Vietnam. Il rencontre peu après William Eugene Smith, qui lui offre une place dans son studio, et l’initie à la photographie. En 1989, le reporter se fait connaître grâce à son image d’une ballerine, debout sur le mur de Berlin, une bouteille de champagne à la main – un symbole de la chute de l’édifice. « J’ai toujours voulu écrire à propos de Stanley, ses photos sont d’une puissance incroyable. Nous avons eu la chance d’avoir accès à toutes ses archives. Le plus dur ? Réussir à le dessiner sans jamais l’avoir rencontré. Mais Tristan a su le représenter de manière à ce que tout le monde le reconnaisse », confie Jean-David Morvan.
Stanley Greene s’anime
Scénariste depuis les années 1990, l’auteur, passionné par le 8e art, a déjà publié plusieurs projets hybrides, mêlant dessin et photographie. Parmi eux, Henri Cartier-Bresson, Allemagne 1945 et McCurry, NY 11 septembre 2001, publiés aux éditions Dupuis. « Ces expériences m’ont encouragé à trouver d’autres manières de raconter. Si nous n’osions d’abord pas trop mettre de photographies au cœur de la narration, nous avons finalement assumé cette originalité. Nous avons même dessiné des petits Stanley au milieu des grandes photos, pour ajouter une dimension ludique », raconte-t-il.
Véritable fan du photojournaliste, Jean-David Morvan se plonge dans tous ses ouvrages, écoute de longues interviews pour en apprendre davantage sur lui. « J’ai essayé d’écrire comme il parlait… Et cela a fonctionné, puisqu’on me cite parfois en pensant qu’il s’agit de ses propos ! », s’enthousiasme-t-il. Plus d’un simple exposé de sa vie de photographe, la bande dessinée propose une véritable immersion dans son existence, ses états d’âme, ses coups de foudre, ses craintes et ses doutes. Au détour des images et illustrations, Stanley Greene s’anime, et nous révèle son intimité. Après nous avoir fait voyager en Mauritanie, au Soudan, à Paris, au Liban ou encore en Afghanistan, dans un va-et-vient très réussi entre les deux médiums, le photojournaliste dessiné conclut : « Je suis photographe, mais on pourrait aussi dire écrivain. Ancien acteur, ancien activiste, ancien dealer, ancien junkie. Je suis juste une personne de plus à avoir décidé qu’il voulait tout comprendre de la vie, et essayer de comprendre comment rêver, parler, voir, photographier, lire, être, partager ». Un ouvrage unique à savourer.
Stanley Greene, une vie à vif, Éditions Delcourt, 18,95€, 128 p.
Extraits de Stanley Greene, une vie à vif © JD Morvan / Tristan Fillaire