À l’occasion de sa onzième édition, Fotohaus investit pour la seconde fois la ville de Bordeaux avec une programmation variée. La thématique de cette année, « Territoire & Identité », permet de relier la France et l’Allemagne ainsi que d’autres thématiques telles que l’intimité. Au total, sept expositions se dévoilent du 5 au 30 avril 2023.
« La 2e édition bordelaise de Fotohaus met en avant des territoires aux frontières perméables marqués par de fortes identités. Sont-elles collectives, singulièrement uniques, se révèlent-elles universelles ? Peut-on avancer qu’un territoire porte en lui une seule identité ou est-ce céder à la facilité d’une classification, qu’elle soit géographique, politique, économique ou culturelle ? Le territoire est-il premier ou est-il un héritage spatial d’âmes qui le nourrissent et le définissent ? », s’interroge Pascale Giffard dans l’édito de cette onzième édition de Fotohaus. La thématique de l’évènement invite en effet au questionnement. « Territoire & Identité », en quoi ces deux mots sont-ils liés ? L’identité deviendrait alors une forme de territoire intime, et le territoire est considéré comme une notion en quête d’identité… Pour mieux y répondre, Fotohaus aborde le sujet à travers le prisme de la photographie franco-allemande, noyau principal de l’association ParisBerlin>fotogroup, fondatrice de l’évènement.
Au commencement, le médium permettait de capturer l’espace public et tirer le portrait d’individus, s’interroger sur le territoire et l’identité n’est donc pas une problématique récente. Fotohaus présente, pour l’illustrer, une dizaine de photographes réparti·es dans sept expositions. Elles prennent place à l’intérieur de la majestueuse demeure de l’Hôtel de Ragueneau. Différentes projections et animations se dérouleront également au sein de différentes structures bordelaises.
© Daniel Castro Garcia
Migration identitaire et territoire corporel
Fotohaus Bordeaux se compose d’une riche programmation à découvrir en parallèle du festival Itinéraires des Photographes Voyageurs se déroulant durant la même période. Cette année, entre autres artistes talentueux·ses, l’événement accueille Daniel Castro Garcia qui montre l’impact de la migration en Italie, de l’Afrique à la Libye en passant par la mer Méditerranée. I Peri N’Tera retrace le parcours atroce et périlleux qu’endurent les migrant·es. Depuis leur départ, en passant par le voyage puis l’arrivée en Italie, le photographe expose dans des clichés alarmants les nombreuses difficultés rencontrées.
Plongez désormais dans une vague de noir et blanc avec les projets frappants de Tina Bara et Wolfgang Wandelt. Dans Körper, la première photographe expose diverses images réalisées en 1987. Originaire de Guben, ville allemande qui se situait en RDA, Tina Bara se concentre sur les différents traumatismes et mutilations que les corps ont vécus lorsque la RDA était encore de mise, avant la chute du mur de Berlin en 1989. Elle explique ainsi l’importance du médium pour résister au régime dictatorial. Décédé en 1996, Wolfgang Wandelt a également pratiqué son art au sein de la RDA. Dans Menschenbilder, le photographe relate de la société dans sa pure et stricte réalité. Réalisés entre 1973 et 1985, les clichés de l’artiste constituent un portrait d’un territoire soumis à une dictature épouvantable. C’est une évidence, dans cette édition 2023 de Fotohaus, les identités et les territoires se rencontrent, s’entremêlent et appellent à la découverte.
© Tina Bara
© à g. Tina Bara, à d. Wolfgang Wandelt
© Wolfgang Wandelt
Image d’ouverture : © Wolfgang Wandelt