« The Longer I Look », Christian Vogt fait illusion

11 septembre 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
« The Longer I Look », Christian Vogt fait illusion

La Galerie Esther Woerdehoff accueille, jusqu’au 20 octobre, l’exposition The Longer I Look, dédiée au travail du photographe Christian Vogt. Un événement qui bouleverse notre rapport au réel.

The Longer I Look,

l’exposition de la Galerie Esther Woerdehoff, dédiée au travail de Christian Vogt, marque le premier accrochage du photographe suisse à Paris depuis 1990. Un événement qu’il supervise avec attention. « Le choix des images, la scénographie étaient le fruit d’un véritable effort commun », précise Florence Pillet, l’assistante d’Esther Woerdehoff. « Christian s’est beaucoup investi. Il est très exigeant et sait exactement ce qu’il souhaite ». Dans la galerie, la scénographie séduit. L’accrochage discret – réalisé à l’aide de pince – s’efface pour laisser place aux œuvres. Des photographies grand format, présentées sans cadre, organiques et fascinantes.

Seule exception à la règle, des tirages plus petits, présentés à hauteur humaine et, eux, protégés. Des clichés datant des années 1980 qui révèlent le goût du photographe d’allier le mot à l’image. « Christian est un poète », confie Florence. « Il réfléchit et lit beaucoup. Il s’interroge souvent sur son public, et son statut de regardeur ». Ici, les images jouent avec notre perception de la réalité et distillent un certain humour. « Pour ceux qui ont toujours besoin de comparer », peut-on lire sous une photo d’une serpillière posée à côté de palmiers. Plus loin, une image de son ex-femme marque les esprits. Elle pose, immobile sur un lit, tandis qu’une main armée d’un pistolet apparaît dans le cadre, la légende est glaçante : « Des années plus tard, son mari la tuera, en lui tirant dessus ». Un triste présage.

© Christian Vogt

Interroger le rapport à la réalité

« Les étiquettes sont toujours réductrices. Si je travaille avec des corps nus, par exemple, je suis immédiatement étiqueté comme un photographe de nu (…) Mais ce qui m’importe vraiment, c’est la traduction d’une idée à travers l’utilisation du corps et du langage corporel »

explique Christian Vogt. Si le photographe s’interroge sur le rapport à la réalité, il souhaite impliquer son spectateur dans cette émotion. De ces étiquettes qu’il méprise, il crée un jeu : des mots « tatoués » sur les corps, à l’aide de tampons. Qu’expriment alors ces corps/supports ? Que signifient ces mots, inscrits sur les peaux des modèles ? Le photographe nous provoque et nous invite à ouvrir nos esprits. En regardant plus attentivement les images monochromes, des détails sont alors révélés : des photos dans des photos, des paysages qui semblent capturés en 3D… Et le clou du spectacle : cette image d’un paysage somptueux, pris depuis une fenêtre. En s’approchant, on remarque que les cascades fabuleuses sont en réalité des tableaux, et les bords de la fenêtre, le cadre des peintures. Illusions ou réalité ? Devons-nous douter de notre propre perception ? Un coup de maître de Christian Vogt.

© Christian Vogt

© Christian Vogt

© Christian Vogt

© Christian Vogt

Jusqu’au 20 octobre

Galerie Esther Woerdehoff

36 rue Falguière, 75015 Paris

Du mercredi au samedi, de 12h à 19h

Explorez
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Two Dinners, 2024 © Nyo Jinyong Lian
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025, la Fisheye Gallery ouvre son espace arlésien à quatre artistes émergentes : Eloïse Labarbe-Lafon, Anna...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les images de la semaine du 23 juin 2025 : queers, chimères et collectionneurs d'images
© Agathe Baur / Instagram
Les images de la semaine du 23 juin 2025 : queers, chimères et collectionneurs d’images
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye ont été façonnées par des récits de genre, de sexualité, de figures...
29 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
19 livres photo pour célébrer le mois des fiertés
© Manbo Key.
19 livres photo pour célébrer le mois des fiertés
À l'occasion du mois des Fiertés, nous avons sélectionné une série d’ouvrages photographiques consacrés à la communauté LGBTQIA+....
27 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Focus #79 : pour Rose Mihman, la beauté est picturale
05:59
Focus #79 : pour Rose Mihman, la beauté est picturale
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! En pleine préparation de l’exposition Sous les paupières closes, présentée à la Fisheye Gallery...
25 juin 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
© Luke Evans
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
À travers son numéro #72, Fisheye donne à voir des photographes qui considèrent leur médium de prédilection comme un outil de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans à la Bpi, janvier 2025 © Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou lui donne carte blanche jusqu’au 22 septembre 2025, dernier accrochage avant la fermeture du bâtiment pour cinq ans de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Two Dinners, 2024 © Nyo Jinyong Lian
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025, la Fisheye Gallery ouvre son espace arlésien à quatre artistes émergentes : Eloïse Labarbe-Lafon, Anna...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
© Marco Dos Santos
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
Mais peut-il seulement tenir en place ? Depuis plus de vingt ans, Marco Dos Santos trace une trajectoire indocile à travers les scènes...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III