C’est à Bologne, une ville marquée par l’industrie, que se tient la 3ème édition de la biennale Foto/Industria. Parmi les 14 expositions réparties dans plusieurs lieux symboliques de la ville, deux photographes ont particulièrement retenu notre attention. Tous deux sont italiens et ont photographié leur pays à travers le prisme du travail.
« La société allait mal et nous avions besoin de dénoncer ce mal-être ». Dans les années 1970, Mimmo Jodice arpente les rues de Naples et dénonce le travail des enfants. Dans ces mêmes rues, il couvre les rassemblements populaires tel que le festival dell’Unità. Le portrait qu’il dresse de la péninsule est poignant en même temps que militant. L’Homme, qu’il soit seul ou au milieu d’une foule, occupe toujours une place centrale dans ses clichés noir et blanc. C’est à travers un regard sévère et réaliste qu’il questionne les dérives de l’humanité. L’Église de Santa Maria della Vitta – lieu où sont exposées les images de Mimmo – immortalise parfaitement les années 1970 près de 50 ans plus tard.
Naples, 1973 © Mimmo Jodice
« Work hard, have fun, make history »
Travail. Machine. Productivité. Concurrence. Au palais Pepol, la thématique du travail fait écho à Chaplin et à la cadence des anciennes chaînes de production. Michele Borzoni a lui aussi choisi de partager sa vision contemporaine du travail à travers un diaporama de photo en couleur. 14 minutes de diaporama durant lesquelles il montre au visiteur des lieux hautement symboliques de notre société consumériste : un bureau de call centers, un entrepôt d’Amazon ou encore une salle d’examen aux concours de la fonction publique. « Work hard, have fun, make history » peut-on lire sur l’un des murs Amazon photographié par Borzoni. On rit jaune. Là est la force du jeune photographe : il est parvenu à trouver la distance adéquate. Les grands espaces vides, blancs et parfois aseptisés l’empêchent de verser dans le sociodramatique du sujet. Il se livre à un reportage neutre en présentant des espaces qui lui évoquent le travail et la production. En sortant du lieu, on ne peut s’empêcher de se demander : que reste-t-il donc d’humain dans le monde du travail ?
Un atelier textile chinois saisi par la police italienne à Prato, près de Florence © Michele Borzoni/TerraProject
Concours pour le recrutement de 40 historiens de l’art par le ministère italien du patrimoine culturel. 1550 candidats ont participé à l’examen dans le palais des congrès de Rome © Michele Borzoni/TerraProject
Image d’ouverture : festival dell’Unità, Naples, 1976 © Mimmo Jodice