Trax, magazine dédié à la musique électro, a profité de la crise sanitaire pour se réinventer. Une nouvelle formule instaurant un dialogue entre les médiums, et offrant à la photographie une place de choix.
Depuis 1997, le magazine Trax se consacre au monde de la nuit, à la musique électronique et aux cultures qui gravitent autour d’elle. À l’annonce du confinement, et de la fermeture des clubs, des concerts, l’équipe a accusé le coup. Le monde de la fête n’est-il donc pas important ? L’art non essentiel ? Doit-il être terni par des idées préconçues, et un gouvernement peu soucieux d’aider les créateurs ? « Nous avons saisi l’occasion pour créer un nouvel objet, plus classe, qui s’apparente davantage à l’idée de revue », confie Simon Clair, le rédacteur en chef de Trax.
« Tout va bien », le dernier numéro, illustre cette volonté de refonte. Lourd volume de 240 pages, il s’impose comme un ouvrage explorant un univers musical en pleine transformation. « Nous ne souhaitions pas nous enfermer dans une seule esthétique, et nous avions envie de questionner la musique électro, nous diriger vers des sujets sociétaux. Le format change également du tout au tout : nous passons d’une publication mensuelle à une parution tous les six mois », précise Simon Clair.
© Quentin Lacombe
Une ouverture sur le monde
Au cœur de « Tout va bien » – Trax n°231 – se trouve une volonté de repenser la manière dont la musique, et ses communautés sont représentées. « Nous avons notamment fait évoluer notre rapport au 8e art en publiant de longs portfolios. Nous présentons en parallèle des séries de photographes, ainsi que des commandes traitant de sujets d’actualité », explique le rédacteur en chef. Parmi les thèmes traités dans cet opus, la libération de la parole dans le monde de la nuit. « Nous y traitons des notions d’émancipation et d’inclusivité », ajoute-t-il. Un dossier exposant les témoignages de nombreuses femmes du milieu, prêtes à élever leur voix pour atteindre l’égalité. Focus également, sur Vinca Petersen, et son livre, No System. Un ouvrage retraçant dix ans de sa vie, passés à organiser des free parties. Un album de famille aussi personnel que nostalgique. « Notre nouvelle formule instaure aussi des dialogues entre passé et présent, s’intéresse à l’histoire des clubs, à leur résonance avec l’actualité », poursuit Simon Clair. Parmi ces lieux, le B018, club mythique de Beyrouth, détruit par l’explosion qui ravagé la capitale libanaise. Pensée comme une véritable ouverture sur le monde, la nouvelle formule de Trax tisse d’ores et déjà des liens entre les médiums, les artistes, et apporte un nouveau souffle à une scène mise à mal par la crise sanitaire.
© Rebekka Deubner
© Vinca Petersen
Image d’ouverture : © Vinca Petersen