« Un baptême du feu »

21 mars 2015   •  
Écrit par Eric Karsenty
"Un baptême du feu"
Durant trois années, Jérôme Clément-Wilz a suivi le photographe Corentin Fohlen avec sa caméra. Il l’a accompagné en Égypte, en Syrie, en Lybie, au Soudan du Sud, en Haïti… avec les photographes de la « génération free-lance ». Un documentaire à ne pas rater diffusé le 23 mars à 23h25 sur France 4, puis sur le site pluzz.francetv.fr durant une semaine.

Un baptême du feu

est une immersion aux côtés de Corentin Fohlen, jeune photographe qui a tout juste 29 ans quand Jérôme Clément-Wilz, son copain réalisateur, décide de le suivre sur ses premiers reportages de news. Sans voix off ni commentaires, on se retrouve embarqué avec une bande de jeunes photographes sur les points chauds du globe. Égypte, Syrie, Libye, Soudan du Sud, Haïti… de 2011 à 2014, le documentariste braque sa caméra sur cette génération de reporters qui prennent tous les risques pour raconter les conflits.

 

Il est avec eux quand les balles sifflent, quand les lacrymos fusent, quand les avions tirent… Il court avec eux pour sauver sa peau et les retrouve haletant dans la voiture qui les ramène à leur base. Il est encore avec eux dans les chambres d’hôtel partagées où chacun traite ses images sur son ordinateur et essaie de vendre ses reportages dans les rédactions, en France et à l’étranger. Il est toujours avec eux dans les moments de déconne, brèves parenthèses de décompression où ceux de la « génération free-lance » laissent libre cours à l’insouciance de leur jeunesse.

Ils s’appellent Benjamin Girette, Leila Minano, Holly Pickett, Capucine Granier-Deferre, James de Caupenne-Keogh, Xavier Malafosse… ou Rémi Ochlik, photographe français décédé à Homs le 22 février 2012. On les appelle aussi « génération Printemps arabe », car tous ont fait leurs premières armes de news dans cette vague d’événements qui ont secoué et continuent d’agiter la planète.

Embedded

« C’est une histoire d’amitié qui est à l’origine de ce documentaire, explique Jérôme. Je connais Corentin depuis longtemps et j’avais envie de raconter son parcours, l’évolution de son regard sur le monde. C’est la première fois que je peux réaliser un film en totale empathie, montrer les moments de faiblesse et les choses plus positives : j’avais envie de laisser vivre les séquences. »

On pourra regretter de ne pas voir les images de Corentin Fohlen, sauf dans le générique de fin, et c’est bien dommage car c’est sans aucun doute l’un des photographes les plus talentueux de sa génération. Mais tout au long des 1h05 du documentaire, on est réellement « embedded » aux côtés de Corentin. On partage ses rires et ses peurs, ses moments de doute aussi.

Et quand il décide de « décrocher » de Libye, on souffle avec lui. On est content de le retrouver avec sa sœur et ses parents en Bretagne. D’autres photographes ont choisi de suivre d’autres parcours et c’est leur liberté. Le film ne délivre ni jugement ni morale, ce n’est pas son propos. « Il est fidèle à ce qu’a ressenti Corentin », précise Jérôme qui confie avoir partagé rires et pleurs lors de la projection du documentaire avec son ami.

On comprend pas mal de choses sur le métier, et on les ressent peut-être d’autant mieux qu’on ne nous les explique pas mais qu’on les vit.

Éric Karsenty 

Illustration: Image tirée du documentaire “Un baptême du feu” / © Jérôme Clément-Wilz

Explorez
Trophées Photos Jeunes D’Avenirs : quand les jeunes s’emparent de l’image 
Les avenirs vacants, Grand Prix du Jury © Victor Arsic
Trophées Photos Jeunes D’Avenirs : quand les jeunes s’emparent de l’image 
Le Groupe AEF info a annoncé les lauréat·es de la première édition de son concours Trophées Photos Jeunes D’Avenirs. Six jeunes artistes...
23 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La rétrospective de Madeleine de Sinéty, entre France et États-Unis
© Madeleine de Sinéty
La rétrospective de Madeleine de Sinéty, entre France et États-Unis
L’exposition Madeleine de Sinéty. Une vie, présentée au Château de Tours jusqu'au 17 mai 2026, puis au Jeu de Paume du 12 juin au 27...
15 décembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
© Sarah van Rij
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
Jusqu’au 25 janvier 2026, Sarah van Rij investit le Studio de la Maison européenne de la photographie et présente Atlas of Echoes....
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
© Guénaëlle de Carbonnières
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
À la suite d’une résidence aux Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières a imaginé Dans le creux des images. Présentée jusqu’au...
11 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
10 séries autour de la fête pour célébrer la nouvelle année
© Eimear Lynch
10 séries autour de la fête pour célébrer la nouvelle année
Ça y est, 2025 touche à sa fin. Dans quelques jours, un certain nombre d’entre nous célèbreront la nouvelle année avec éclat. À...
27 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l’œil de Marilia Destot : mémoire entre ciel et mer
© Marilia Destot / Planches Contact Festival
Dans l’œil de Marilia Destot : mémoire entre ciel et mer
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Marilia Destot. Jusqu’au 4 janvier 2026, l’artiste expose ses Memoryscapes à Planches...
26 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Vuyo Mabheka : de brouillon et de rêve
Indlela de la série Popihuise, 2021 © Vuyo Makheba, Courtesy AFRONOVA GALLERY
Vuyo Mabheka : de brouillon et de rêve
Par le dessin et le collage, l'artiste sud-africain Vuyo Mabheka compose sa propre archive familiale qui transcrit une enfance solitaire...
25 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Concours de beauté, métropoles et intimité : nos coups de cœur photo de décembre 2025
© Carla Rossi
Concours de beauté, métropoles et intimité : nos coups de cœur photo de décembre 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
24 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet