Depuis trente ans déjà, Médecins du monde combat l’exclusion en France, et l’exposition présentée aujourd’hui est l’occasion de continuer ce combat à travers des images. « Une mise au poing pour dénoncer. Une mise au poing pour s’indigner. Une mise au poing pour ne pas se résigner », martèle Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde.
« Soigner et témoigner » ont toujours été les deux verbes qui ont servi de boussole à l’association, qui compte aujourd’hui en France plus de vingt centres qui continuent de soigner gratuitement femmes, hommes et enfants frappés par une précarité toujours plus violente. Médecins, infirmières, assistantes sociales, tous et toutes bénévoles, accompagnent chaque année plus de 70 000 patients.
Six photographes ont été sollicités pour témoigner des différentes formes de précarité qui touchent les plus démunis, qu’ils soient mineurs isolés, mal-logés, migrants ou blessés de la vie. En faisant appel à des auteurs reconnus comme Alberto García-Alix, Henk Wildschut, Cédric Gerbehaye, Valérie Jouve, Claudine Doury et Denis Rouvre, l’organisation a conscience de donner crédit à des images « qui complexifient le réel au lieu de le simplifier », comme le souligne avec justesse Natacha Wolinski dans un des textes de l’exposition. Placés chacun sous un verbe d’action en guise de titre, les travaux des photographes se déploient à travers l’espace de la galerie.
Résister
« La précarité ne se voit pas toujours. Pourtant elle abîme. Elle exclut et repousse vers les marges. Vers la rue, les bidonvilles, les bâtiments abandonnés, les centres d’hébergement surpeuplés »,
déclare Alberto García-Alix en regard des portraits d’hommes, de femmes et d’enfants qu’il saisit avec force dans un noir et blanc sans artifice.
Abriter
Claudine Doury a partagé le quotidien de Sara, 11 ans, qui vit dans un bidonville au seuil de son adolescence. « Des jours faits de jeux et d’ennui, des jours creux à grandir sans apprendre », détaille la photographe.
Accueillir
Henk Wildshut est allé à la rencontre des migrants dans la vallée de la Roya, « vallées solidaire, vallée résistante », entre la France et l’Italie.
Grandir
Les mineurs isolés sont une population fragile et difficile à approcher, et il a fallu toute la ténacité de Cédric Gerbehaye pour rendre compte avec délicatesse de leur errance, de leur joie ou de leur détresse.
Écouter
C’est peut-être l’une des parties les plus marquantes de cette exposition, consacrée au travail de Denis Rouvre. À cause de la dignité qui émane de ces grands portraits en couleur se détachant sur fond noir, peut-être aussi à cause des témoignages que diffusent tour à tour les haut-parleurs situés au-dessus de chaque image. Les voix nous guident à travers cette salle en clair-obscur, et l’on recueille ces paroles comme des confidences qui nous vont droit au cœur.
En contrepoint de ces travaux, on trouve également quatre images géantes de personnages énigmatiques signées Valérie Jouve. « Quatre images d’à peine », comme des sentinelles qui forcent notre regard à voir ce qu’on ne voit plus. Une exposition à voir absolument.
En (sa)voir plus
Jusqu’au 18 mars 2017,
Mise au poing, trente ans de combats contre l’exclusion
Topographie de l’art – 15, rue de Thorigny, 75003 Paris