La 6e édition du festival Usimages, du 12 avril au 15 juin 2025, explore le thème « Transports et Industrie ». Avec onze expositions et un concours photo, le festival propose un regard critique sur le patrimoine industriel grâce à des photographes contemporain·es.
La 6e édition d’Usimages, du 12 avril au 15 juin 2025, nous invite à un voyage fascinant au cœur du patrimoine industriel français et international. Cette année, le festival s’articule autour du thème « Transports et Industrie », mettant en lumière la relation entre l’essor des infrastructures de transport et les mutations du monde du travail. À travers une sélection d’expositions, Usimages interroge les conséquences des chemins de fer, de l’aviation ou encore du transport maritime sur les territoires et les sociétés. Des histoires d’usines, de résistance ouvrière et de territoires, souvent laissés pour compte, se dérouleront sous les yeux des visiteur·ses. Des lignes d’assemblage d’Alstom aux chantiers navals de Saint-Nazaire, chaque image capture un récit, celui des travailleur·ses. Organisé par le Centre d’art Diaphane, le pôle photographique des Hauts-de-France, cet événement interroge notre rapport aux transports et aux industries à travers les regards de photographes contemporain·es. Un concours photo offrira une place au sein de cette cartographie visuelle du travail aux lauréat·es, avec une exposition sur l’Île Saint-Maurice à Creil. Usimages est une immersion puissante où l’image devient mémoire et questionnement.
Derrière les grilles de l’Alstom
L’un des temps forts de cette édition d’Usimages est l’exposition consacrée à Marc Paygnard, photographe reconnu pour son regard incisif sur les transformations du paysage industriel. Depuis plusieurs décennies, il documente avec précision les fermetures d’usines, les friches industrielles et la disparition progressive de certains métiers liés à l’industrie lourde. Son travail témoigne notamment de la fin des mines et de la sidérurgie en Lorraine, mais aussi de la recomposition du monde rural en Franche-Comté et dans les Vosges. Ce regard sur l’industrie capte aussi une forme d’ironie et d’absurdité au sein de ces architectures modernes et des infrastructures de transport. Il parvient à saisir l’étrangeté de certaines zones périurbaines, où l’humain·e semble effacé·e au profit des flux et des logiques de rendement. Défini comme photographe humaniste, pour sa série Alst’hommes, il s’est rendu sur les chantiers d’Alstom. Petit-fils de « porion » – appellation familière pour « contremaître » – dans une mine de fer, il retrouve, avec les camarades d’Alstom, une certaine ambiance de son enfance, faite d’hommes façonnés par le travail minier et sa dureté. « Par leurs gestes, leur précision, la beauté de leur travail, ils ressemblent à ces mineurs de fond qui m’avaient tant impressionné dans mon enfance, explique-t-il. J’ai eu l’impression de découvrir ici, derrière les grilles de l’Alstom, un monde inconnu, une vie dans la ville. Un autre univers, celui du travail bien fait et j’ai tenté modestement d’utiliser cette lumière qui baignait ce monde-là pour en figer quelques secondes d’un temps où les gestes ont une flexibilité et une élégance qu’il n’est pas rare de rencontrer dans le monde du labeur. »