« Vague de rêve » : explorons notre présence au monde

25 juillet 2019   •  
Écrit par Anaïs Viand
« Vague de rêve » : explorons notre présence au monde

Maria Baoli, une photographe espagnole installée en Belgique, étudie dans son ouvrage Vague de rêve la relation triangulaire entre l’homme, l’animal et la nature. Cette recherche du juste équilibre a donné lieu à une proposition poétique.

« La photographie permet de rassembler toutes les disciplines qui me sont chères : le dessin, le théâtre ou le cinéma. Quand on photographie, on peut jouer un rôle, raconter des histoires, ou encore peindre avec la lumière. C’est aussi une thérapie. Quand j’entre dans la chambre noire, je pénètre dans un espace méditatif, et je me retrouve », confie Maria Baoli, une photographe espagnole installée en Belgique. Parmi toutes ses sources d’inspirations, la photographe évoque, entre autres, la nature et la beauté cachée du banal. Si elle compile toutes ses productions sur son Tumblr – sa vitrine d’exposition lui permettant d’expérimenter et d’installer une distance avec le regardeur – elle a aussi autoédité un délicieux ouvrage, Vague de rêve. « Le livre est non seulement une manière de rendre les images physiques, mais il est aussi une invitation à les faire dialoguer. Les images juxtaposées peuvent être émotionnellement suggestives. C’est un format qui permet au lecteur de rentrer dans un espace privilégié, et intime», explique-t-elle. Aussi, ce format fait écho à sa pratique argentique. Dans la chambre noire, les photographies se matérialisent via le négatif et ensuite sur le papier photosensible. « Ce livre était un moyen cohérent de traduire cette expérience. Toute image a une texture, une existence physique qui invite à se projeter dans un lieu et je conçois le livre comme une recherche d’équilibre entre ce qui émerge et disparaît lorsqu’on (dé)coupe et extrait les photos », précise-t-elle.

© Maria Baoli

Notre présence dans ce monde

Une double occasion de découvrir sa démarche poétique et engagée. Car ses images sont un prétexte pour interroger le rapport de l’Homme à la nature. « J’ai toujours eu un attrait pour le végétal, mais je suis une citadine. Je voulais explorer les espaces naturels et savoir comment l’homme classifie, organise et conserve la biodiversité. J’ai commencé ce projet dans les jardins botaniques à Meise (Belgique), Dublin, Madrid, ou encore à Genève. L’une des grandes forces de la photographie réside dans son aptitude à inventorier et à fixer le monde dans lequel nous vivons. Comme je trouvais les images trop rigides et plates, j’ai commencé à étudier la relation triangulaire entre l’Homme, le végétal et l’animal », confie-t-elle. Les photos ont été réalisées dans des lieux où les traces des Hommes demeurent, de façon perceptible ou non, et se confrontent avec la présence de la nature et ses éléments. « Ensemble, elles composent une plongée dans un univers entre la vie et la mort, entre le rêve et la réalité. Vague de rêve est une méditation sur le caractère éphémère de notre présence dans ce monde », ajoute-t-elle. Des haïkus disséminés dans l’ouvrage complètent ses images. « Ils traduisent les sensations que j’ai eu en créant, et sont un instantané de paroles pour celui ou celle qui préfère s’exprimer visuellement. Ils sont les traces de mes propres découvertes et expériences immersives durant ce projet. Une émotion, un sentiment passager décrit avec concision et précision », précise-t-elle. Avec cet objet, Maria Baoli invite à un retour aux sources, proche de notre héritage et loin de tout artifice. Face à ses photographies, le lecteur ne peut que prendre le temps de s’arrêter et observer les éléments qui l’entourent. Un lâcher-prise nécessaire afin de retrouver un équilibre, une justesse.

Vague de rêve, autoédition, 32 €, 96 p, 200 exemplaires, disponible sur Paris dans les librairies suivantes : L’Ouvre-boîte (75010), La Comète (75010) et Artazard (75010).

 

© Maria Baoli© Maria Baoli
© Maria Baoli© Maria Baoli
© Maria Baoli© Maria Baoli

© Maria Baoli © Maria Baoli © Maria Baoli © Maria Baoli

L’édition spéciale, limitée à douze exemplaires, se compose d’un tirage signé (cyanotype ou jet d’encre sur papier japonais ou argentique ) et d’un livre. Prix: 150€ pour les cyanotypes et tirages argentiques et 120€ pour les tirages au jet d’encre sur papier japonais.

© Maria Baoli

© Maria Baoli

Explorez
CHROMOTHERAPIA : la photographie couleur à la villa Médicis
© Martin Parr
CHROMOTHERAPIA : la photographie couleur à la villa Médicis
Avec CHROMOTHERAPIA. La photographie couleur qui vous fait du bien, la villa Médicis retrace l’histoire de ce médium, longtemps relégué à...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Theo Wenner : True detectives
Le sergent Brennan montre un impact de balle qui pourrait suggérer que le tireur a poursuivi la victime dans l'escalier avant de la tuer © Theo Wenner
Theo Wenner : True detectives
Theo Wenner est le premier photographe à avoir pu s’immiscer dans le quotidien de la division homicide du New York City Police...
06 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 27.01.25 au 02.02.25 : Nouvel An lunaire et faits divers
Chambre 207 © Jean-Michel André
Les images de la semaine du 27.01.25 au 02.02.25 : Nouvel An lunaire et faits divers
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye évoquent le Nouvel An lunaire, qui a eu lieu ce mercredi 29 janvier. Dans le...
02 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
À la Galerie Magnum, Ernest Cole met en lumière les strates de l'apartheid
Ernest Cole House of Bondage © Ernest Cole/Magnum Photos. Shebeens and Bantu Beer. 1960s.
À la Galerie Magnum, Ernest Cole met en lumière les strates de l’apartheid
La Galerie Magnum, située dans une petite cour intimiste de la rue Léon à Paris, s’est transformée en un livre ouvert sur le travail du...
01 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
CHROMOTHERAPIA : la photographie couleur à la villa Médicis
© Martin Parr
CHROMOTHERAPIA : la photographie couleur à la villa Médicis
Avec CHROMOTHERAPIA. La photographie couleur qui vous fait du bien, la villa Médicis retrace l’histoire de ce médium, longtemps relégué à...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Theo Wenner : True detectives
Le sergent Brennan montre un impact de balle qui pourrait suggérer que le tireur a poursuivi la victime dans l'escalier avant de la tuer © Theo Wenner
Theo Wenner : True detectives
Theo Wenner est le premier photographe à avoir pu s’immiscer dans le quotidien de la division homicide du New York City Police...
06 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Prix Polyptyque 2024 : célébration des expérimentations et du livre photo
© Marion Ellena. Scrolling (de la ventana), 2023.
Prix Polyptyque 2024 : célébration des expérimentations et du livre photo
La Galerie Sit Down à Paris accueille les quatre lauréat·es du Prix Polyptyque 2024 pour une exposition conjointe qui se tient jusqu’au...
05 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Beggar’s Honey : Jack Latham s’immisce dans le monde clandestin des fermes à clics
© Jack Latham
Beggar’s Honey : Jack Latham s’immisce dans le monde clandestin des fermes à clics
Depuis dix ans, Jack Latham mène des recherches sur la naissance des théories conspirationnistes et la manière dont ces récits sont...
04 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet