Du 27 août au 11 septembre se déroulera à Perpignan la 34e édition du festival international de photojournalisme Visa pour l’Image. Une édition portée par le poids des conflits internationaux faisant la part belle au reportage et à ses multiples nuances.
« L’Afghanistan d’abord, l’Ukraine ensuite, et tous les nombreux autres théâtres de violences et d’atrocités nous rappellent souvent brutalement combien le photojournalisme est un étendard pour les droits de l’homme, pour la dénonciation des crimes de guerre, pour le droit à une information libre et exigeante, pour le débat démocratique »,
déclare Renaud Donnedieu de Vabres, président de l’Association Visa pour l’Image – Perpignan. Du 27 août au 11 septembre 2022, le festival international du photojournalisme revient pour sa 34e édition à Perpignan, et prouve une fois encore à quel point l’image permet de témoigner des injustices, des violences, des conflits de notre monde. À travers 25 expositions, des soirées de projections consacrées à l’actualité internationale, des rencontres avec les auteurs, des lectures de portfolio ou encore la remise de nombreux prix, l’événement fait, cette année encore, la part belle à ceux qui risquent leur vie pour capturer et diffuser l’information. Un florilège d’activités permettant de rendre compte de la diversité de cette discipline, et des nombreuses et nouvelles écritures qui dialoguent en son sein.
© George Steinmetz
Un miroir nuancé de notre monde
Loin de se contenter d’évoquer les enjeux sociopolitiques les plus médiatisés de 2022, Visa pour l’image s’attache également à mettre en lumière des thématiques moins connues, mais tout aussi poignantes. Partisan d’une approche lente du médium photographique, qui permet de « suivre le temps de la personne [qu’il a] en face de [lui] », Valerio Bispuri a voyagé au cœur du continent africain pour y étudier le traitement des maladies mentales. « C’est un continent où ces pathologies sont reconnues depuis peu de temps, et il est difficile de savoir combien de personnes en souffrent, et où elles vivent. Elles errent souvent dans les rues des mégapoles ou restent cachées dans un village retiré », explique l’auteur. Croyances superstitieuses, abandons, grande accessibilité aux drogues… Avec sensibilité, il trace le portrait poignant d’une population marginalisée, réduite à sa propre folie.
© Valerio Bispuri
Lauréate de la bourse Canon de la Femme Photojournaliste en 2020, Sabiha Çimen signe avec Hafizas son premier projet au long cours. Initié en 2017, celui-ci documente le quotidien des hafiz – un terme honorifique désignant les personnes ayant mémorisé l’intégralité du Coran. Un apprentissage minutieux enseigné dans des milliers d’écoles turques et souvent réservé aux femmes. Entre piété appliquée et entorses aux règles, en quête d’un divertissement libérateur, les étudiantes se révèlent à l’autrice – elle-même ancienne élève de ces établissements. Une immersion douce dans le quotidien de ces hafiz qui se lit comme un journal de bord, donnant une voix à une communauté souvent invisibilisée.
Avec Happy Pills, le journaliste Arnaud Robert et le photographe Paolo Woods se sont quant à eux intéressés au commerce des « pilules du bonheur », ces médicaments qui règlent les troubles, boostent les hormones, forcent notre sourire pour ne pas sombrer. Du Soma, drogue artificielle du Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley aux pilules rouges et bleues de Matrix, des antidouleurs qui permettent aux travailleurs de ne pas s’arrêter pour subvenir aux besoins de leur famille aux riches en quête de défonce perpétuelle, ces gélules se sont véritablement ancrées dans notre culture, jusqu’à devenir des « outils » ordinaires. Avec minutie, le duo d’auteurs nous invite ici à interroger notre relation à ces médicaments.
Enjeux politiques, sociétaux, environnementaux… Les 25 expositions présentées à Visa pour l’Image s’imposent comme un miroir nuancé de notre monde. Une série de récits immersifs décryptant, grâce à la photographie, les nuances complexes de l’humanité.
© à g. Sabiha Çimen / Lauréate de la Bourse Canon de la Femme Photojournaliste 2020, à d. Paolo Woods & Arnaud Robert
© Françoise Huguier / Agence VU’
Image d’ouverture : © Françoise Huguier / Agence VU’